Conseiller de tous les plus grands représentants démocrates depuis Bill Clinton, Gary Zimmer n'a évidemment pas vu venir la victoire de Donald Trump en 2016 qui a brisé sa carrière.
Aujourd'hui, alors que les élections de mi-mandat approchent, une vidéo d'un vétéran du Wisconsin protestant contre la suppression d'aides sociales aux plus défavorisés se met à faire le buzz. Voyant là une occasion en or de se remettre en selle, Gary part à la rencontre de l'ancien colonel et lui demande de représenter les couleurs du parti démocrate en tant que maire de cette petite ville d'un État farouchement républicain...
Deuxième long-métrage du présentateur/acteur/humoriste Jon Stewart, "Irresistible" fait figure de satire gentiment mordante sur le détournement des vraies valeurs américaines par l'hypocrisie d'un système médiatico-politique prêt à tout pour les mettre au service de son appétit cupide. Ici, ce conseiller en perte de vitesse décèle des étincelles démocrates chez un stéréotype républicain (dans un territoire acquis à leur cause de surcroît) et décide de le conduire à la victoire pour le bien de sa propre carrière jusqu'à ce que toute cette élection prenne des proportions démentes sur le plan national.
Alors, oui, le propos sarcastique du film va parfois engendrer des piques acerbes particulièrement bien senties, surtout à l'adresse du parti démocrate malmené sur son progressisme jusqu'au-boutiste de façade (ne parlons pas de la caricature républicaine, elle n'en est même plus une à l'heure actuelle) mais l'arrivisme de ce monstre en communication bousculant la quiétude de cette petite bourgade va hélas rapidement se confondre avec une sempiternelle opposition entre le cynisme citadin et le bon sens rural. Grâce à cet élargissement du champ humoristique (sans doute pour viser un public peu à même de goûter à la seule charge politique), "Irresistible" a assez de matériel pour enchaîner généreusement les gags entre ces deux mondes que tout oppose mais, si les ressorts en la matière ont déjà fait leurs preuves par le passé, Jon Stewart va trop souvent se reposer sur leurs mécanismes les plus faciles, faisant ainsi ressortir leur caractère un brin désuet qui va malheureusement déteindre sur la totalité de l'entreprise.
Les sourires seront néanmoins présents à plusieurs occasions grâce au justement irrésistible Steve Carell (on sent que Stewart se repose beaucoup sur lui pour transcender la fadeur de certaines situations) mais même ses efforts et ceux d'un casting solide ne paraîtront jamais être en mesure de sauver le film de son caractère anecdotique.
À l'image de son rebondissement final pas si bête sur le principe mais dont le résultat ne fait qu'aller dans le sens le plus convenu de toute cette histoire, le regard de "Irresistible" sur les dérives d'un bipartisme trompant les électeurs pour assurer sa seule pérennité lui permet de pointer du doigt quelques vérités absurdes mais, dans son ensemble, l'approche désespérément trop sage de cette satire ne leur confère qu'une caisse de résonnance restreinte à celle d'un divertissement très mineur.