Dans un style très "Nolanien" - on pensera tout de suite au remarquable Memento - Gaspard Noé signe ici une oeuvre qui se distingue par sa réalisation et sa violence.
On commencera toutefois par regretter un scénario assez simpliste: un homme cherche à venger l'agression très violente subie par sa compagne. L'enquête ne connaît aucune surprise et l'intérêt se trouve de manière très assumée au-delà de l'histoire.
En effet, le film est monté "à l'envers": le déroulé du film est antichronologique. Chaque scène qui succède à la précédente est en fait un retour en arrière.
Si le principe est beaucoup plus allégé que dans Memento, il n'en demeure pas moins original tout en restant parfaitement compréhensible; et c'est ici un premier point positif tant les manipulation de l'axe chronologiques sont sources de complexification extrêmes.
Outre par son montage, le film frappe par sa violence. Une scène de viol insoutenable et longue de 9 minutes ou encore une exécution à l'extincteur justifient à eux seuls la catégorisation "interdit aux moins de 16 ans". Loin d'être gratuite, cette violence justifie à la fois le scénario et l'intérêt du film. En effet, en étant "obligé" d'assister à ces scènes malheureusement si réalistes, Noé nous montre le monde tel qu'il est. On se sent un peu comme Alex deLarge dans Orange Mécanique, la simulation de douleur en moins.
Je mets un bémol certain sur une caméra épaulée bien trop mouvante au début du film qui n'apporte que très peu à l'ambiance et contrevient même à nous immerger totalement dedans.
Cependant cela ne saurait nuire suffisament à l'oeuvre pour ne pas classer celle-ci au rang des films qu'on ne saurait ignorer pour comprendre notre siècle. Une sorte de roman houellebecquien ultraviolent mais tout autant précis.