Après ce que tout le monde m'en disait, je craignais un peu d'être traumatisée à vie, après avoir vu Seul contre Tous qui reste pour moi l'un des films les plus malaisant au monde, et ce que tout le monde disait d'Irréversible j'étais sensé plonger en enfer. Et c'est effectivement ce que tente de faire Gaspard Noé, même si en réalité il nous plonge la tête dans l'horreur, commençant directement par Nahon (qui dans cette séquence d'introduction ressemble vraiment à Gabin) conluant ainsi Seul contre Tous, et nous amenant à deux types qui entrent dans un club gay en cherchant un mec nommé Ténia (franchement quel nom) et quand ils pensent l'avoir trouvé, l'un manque de se faire violer après s'être fait cassé le bras, et l'autre pour sauver son pote défonce la gueule du type à coup d'extincteur. (plus belle explosion de gueule avec un objet contondant) Après ça, le film étant construit avec la fin au début, et le début à la fin, un peu à la memento mais en mieux, on remonte donc en arrière, séquence par séquence, toutes liées entre elles par des virvoltations de la caméra qui nous fait bien sentir que Noé était déjà sur la piste d'Enter the Void, pour mieux nous expliquer cette séquence horrible dans le club. Mais si en revenant en arrière on s'éloigne au fur et à mesure de l'enfer, retrouvant vers la fin les trois personnages avant que leur vie bascule, on trouve le paradis, ils ont tout pour être heureux, le couple est fou amoureux, sur le point d'avoir un gosse, alors que leur pote s'est remis de sa rupture, même les plus belles images, la dernière séquence du film, sont comme vérolé par ce qu'on a vu. Les images du début du film, nous sont sans cesse rappeler même dans les séquences où tout va bien (Alerte spoiler: quand ils sont tous les deux dans le lit: Monica parle d'un rêve avec un tunnel rouge, plus tard Cassel plaisante en lui proposant de l'enculer). Ce qui est intéressant c'est aussi la manière dont Noé justifie sa construction directement à l'écran, lorsque Monica dans le métro explique aux deux compères que selon une théorie, le futur serait déjà écrit, ce qui expliquerait l'existence de rêve prémonitoire, qu'elle fait dans la séquence suivante. L'autre point intéressant est la mise en abîme réalisé par Noé dans la séquence où Dupontel et Cassel vont voir les putes, Cassel est furieux et Dupontel tente de le calmer en lui disant "arrête avec ta vengeance de série B" comme s'il nous rappelait qu'on n'était pas dans un film, mais dans la réalité. Et puis pour conclure je soulignerais la véracité de la scène dans le métro, je n'ai jamais autant eut une sensation de réalité que dans cette scène. Noé a en effet demandé à Dupontel de ne pas du tout suivre le texte, et de faire chier Monica et Cassel, 100% efficace. Mention aussi à la séquence dans le tunnel rouge, sa mise en scène sobre, immobile, fixe de la caméra souligne le réalisme, et évite de basculer dans l'hyper esthétisation déjà assez présente.