Malgré 20 premières minutes un peu tâtonnantes (les dialogues incompréhensibles qui m'ont obligé à activer les sous textes, ou cette recherche interminable du Ténia qui fait mal à la tête), ce film fait preuve d'une efficacité et d'une brutalité (comprendre sans filtre) rare au cinéma.
Bercé par sa narration atypique anté-chronologique à la Memento, celle ci se justifie complétement dans le rythme et les émotions ressenties, ou l'escalade devient apaisement, et dont le climax central donne un aspect pyramidal à la courbe de tension générale.
Complétement captivant, confrontant la haine et l'amour avec une violence intenable, Gaspard Noé fait des choix esthétiques marqués, du générique initiale à cette scène finale. La recherche artistique semble parfois abandonnée dans la narration, mais elle se retrouve en fait dans ces choix de plans, alternants plan-séquence de haute volée, esthétique tourbillonnante unique, on à parfois le sentiment d'être dans la tête des personnages. On ne détourne pas le regard des scènes les plus dures (que Gaspard Noé choisi lui aussi de montrer dans leur entiéreté) car elles sont très bien filmé, laissant place à la brutalité, simplement suggérée quand il le faut.
J'ai aussi beaucoup aimé les intégrations sonores et les mouvements de caméra qui suivent les émotions du personnages (quand Marcus prend de la coke, ou qu'il est mis au courant pour Alex), c'est subtil dans le dosage et parfaitement maîtrisé.
On prend chaque scène de plein fouet, avec un Vincent Cassel juste comme rarement, et une Monica Bellucci envoutante qui monte en puissance tout au long du récit (peut être Dupontel un peu plus redondant mais rien de rédhibitoire), réunis dans cette dernière scène à la tendresse quasi palpable.
Touchant, brutal, oppressant, sentimental, violant, difficile de qualifier ce récit atypique et volontairement disruptif, devant lequel il est bien difficile de rester de marbre et sans avis.