Véritable star des Festivals, It Follows surfe sur la hype depuis quelques mois, suscitant les attentes les plus folles.
D'ailleurs, l'affiche va dans ce sens, à coup de promesses pompeuses, qui fixent la barre assez haut.
Pourtant, la référence la plus évidente n'y apparaît pas, à savoir notre grand maître à tous, John Carpenter.
Dès la séquence d'introduction, l'affiliation est évidente, avec ce travelling en Cinémascope, de cette banlieue américaine terriblement banale, rappelant celle d'Halloween évidemment.
Et bien sûr, un travail sur le son démentiel, à coups de distorsions, saturations sonores, psychédéliques et parfois expérimentales.
Un véritable repère sensoriel, qui fait naviguer le film entre rêve et cauchemar, enchaînant les boucles narratives, avec des apparitions de plus en plus pressantes.
Les apparitions justement, aléatoires, imprévisibles, sont évidemment le prisme de toutes les peurs adolescentes (sexualité, interdits...) dans le cadre familial protecteur de la maison, du quartier.
Et chaque cycle d'apparition fera intervenir la terreur dans la banalité de ce quotidien.
C'est illustré à merveille à travers l'utilisation du Cinémascope, compagnon idéal pour filmer les grands espaces.
Sur des plans séquence impressionnants, à coup de traveling circulaires, la terreur sera tout d'abord suggérée, entretenue, ce petit detail derangeant, de plus en plus anormal dans le plan, en plein millieu d'un univers censé rassurer, protéger.
C'est d'ailleurs en bravant les règles, en sortant des limites du quartier, en passant la "frontière", que l'attachant groupe d'adolescent ira enfin affronter ses peurs, sur un territoire inconnu.
Les adolescents à ce propos, y sont filmés avec beaucoup d'empathie, de tendresse à travers une photographie très douce, plaçant it follows dans un univers fantasmagorique.
Seul petit grief, le film crée avant tout une ambiance, une tension réelle, mais qui n'ira pas forcément crescendo, avec la répétition des cycles d'apparition, qui installera peut être le spectateur dans une habitude, et atténuera légèrement la puissance des séquences dans la dernière partie.
Bref, le film se vit avant tout comme une expérience sensorielle, aux personnages attachants, qui doivent affronter cette peur indicible, l'Inconnu.