Vendu partout comme un film d'épouvante ultra flippant, It Follows n'en emprunte pourtant ni les artifices ni la saveur. Certes les héros ont de quoi être terrifiés, mais le film s'avère une comédie noire aux portes de l'absurde, délicieusement déviante. Un improbable croisement entre Drag me to Hell et American Pie !
En effet, It Follows décrit une étrange malédiction qui plane sur les jeunes qui baisent, du coup toute une horde d'imbéciles heureux y voient un long spot préventif ou une marque surannée de puritanisme américain, mais à ceux-là je dis fermez vos gueules : la créature d'It Follows est clairement une apôtre de l'amour, prônant le sexe tout le temps et en tous lieux ! Et ça tombe bien, c'est ce que veulent les jeunes... Lassés de leur banale banlieue quadrillée, ils aspirent à de nobles distractions, les bougres.
Un détail dans l'écriture vient interdire l'idée même qu'on ait affaire à de la série B vite cataloguée : Jay et ses amis sont authentiques. Ce sont des vrais jeunes, qui pètent haut et fort parce qu'ils se connaissent depuis toujours. Ce refus de l'archétype, David Robert Mitchell le perpétue jusque dans les moindres seconds rôles, s'autorisant toutes les excentricités indécentes qui lui passent par la tête.
Conflits œdipiens décalés, confiance-en-soi ravagée, ou pire : la friendzone... ces maux de toutes les époques vont frapper nos héros, embarqués malgré eux dans une quête de stupre et de fornication, sur fond de musique typiquement eighties et de zooms tout aussi old-school.
Curiosité du moment, It Follows révèle un cinéaste à suivre de très près ! ( Désolé. Je sors. )