Et oui, on sait encore faire des films orientés horreur de qualité aujourd’hui, à l’heure où les found footages débiles et peu inspirés prolifèrent comme de la vermine. Après, malgré une certaine qualité d’ensemble, je dois tout de même avouer être un peu déçu par ce It Follows au vu des louanges qu’il a bien pu recevoir. Enfin, tâchons de ne pas trop chipoter pour une fois qu’un film d’horreur sortant au cinéma propose, justement, du cinéma.
D’emblée il y a un aspect qui fonctionne, c’est cette ambiance paranoïaque réussie. La scène introductive nous plonge déjà dans le bain avec un danger que l’on ressent sans savoir à quoi il ressemble et comment il se manifeste. Explications qui parviendront pas mal de temps après, laissant le temps au film d’installer progressivement ce climat aussi mystérieux que menaçant. Et c’est juste captivant. On y retrouve pas mal de Carpenter d’ailleurs dans ce film, notamment du Halloween avec ce cadre de banlieue tranquille perturbée par une entité semblant indestructible. Bref une ambiance digne de ce nom contrairement à ces films de producteurs qui pensent qu’accumuler les jumpscares crée une sensation de peur.
It Follows, bien au contraire de ce genre de films cités précédemment, est angoissant grâce justement à ce climat paranoïaque où tu te demandes si chaque passant n’est pas la « chose » (comme quoi Carpenter n'est jamais bien loin). Enfin ce serait injuste de résumer le film à un simple ersatz de Big John. It Follows mêle parfaitement l’hommage à un style personnel bien défini, ne serait-ce que par cette mise en scène qui manie habilement le plan large pour créer la sensation d’un danger imminent. Certains passages sont vraiment tendus, je pense à ce passage dans la maison en pleine nuit quand tu vois cette sorte de géant… Brrrrh… Je ne dois pas être le seul à avoir vu mes poils se dresser. Au fond le film montre ici son efficacité, par sa manière de réveiller en nous certaines peurs viscérales en se basant plutôt sur le visuel.
Après plusieurs choses m’ont moins convaincu, à commencer par une musique plus assourdissante qu’autre chose bien qu’elle soit utilisée avec cohérence. Et je n’aime pas trop la fin du film, enfin la dernière demi-heure je dirais, car elle tombe un peu trop dans la facilité, notamment sur la trajectoire de certains personnages. Certains de ces derniers d’ailleurs étaient d’ailleurs un poil clichetons. L’ami d’enfance coincé qui ne s’extirpe pas de sa FriendZone, le beau gosse un peu péteux, la nana bizarroïde qui s’habille n’importe comment… En revanche ils restent convaincants, ce qui est un bon point pour l’immersion et surtout l’implication. On garde quand même l’envie qu’il ne leur arrive rien. Et en prime, l’actrice principale est mignonne, charmante et pas vulgaire. Un petit bonus.
On a donc le droit à un film sympathique qui n’est pas exempt de défauts mais qui a tout de même de belles choses à nous proposer, un climat tendu et des idées à revendre. Quelques instants bien terrifiants et dérangeants agrémentent le tout même si je pense que le film aurait quand même pu aller encore plus loin et nous déstabiliser davantage. Peut-être avec moins de personnages et de fait une action plus resserrée sur Jay. Mais dans l’ensemble c’était un moment de cinéma tout à fait correct et prometteur également pour la suite de la carrière de son jeune réalisateur.