N'est pas Carpenter qui veut.
It Follows c’est un film entre deux eaux, un film pris dans sa volonté de suivre ses modèles en leur rendant hommage mais dans la plus grande tourmente lorsqu’il s’agit de trouver sa patte.
Posons les évidences qui ont déjà été évoquées par les critiques élogieuses. Oui, le film est visuellement beau. Très beau même. Des cadres léchés, une photographie gracieuse et contemplative jouant avec les clairs-obscurs. Seulement cette esthétique sied mieux à un Virgin Suicide qu’à ce film qui, s’il évoque l’adolescence, reste très convenu et succinct dans le traitement des états amoureux.
En vérité c’est de sexe dont il est question ici, mais pas dans sa dimension charnelle ni émotive. Non ce serait d’avantage, et c’est bien étonnant à notre époque, sous l’angle de la culpabilisation que l’histoire semble nous diriger. Cela dit les portes de l’interprétation sont grandes ouvertes. Un peu trop à vrai dire. Car, si tout film d’horreur ou d’épouvante digne de ce nom sait se servir d’un certain sens de la métaphore pour développer son propos au premier abord simpliste, rien de cela ne semble faire surface dans It Follows. On se retrouve alors avec une histoire pauvre qui ne prend jamais véritablement d’épaisseur. Seul reste le plot de départ comme point intéressant.
Côté réalisation, on s’attache à nous offrir des cadres fixes, une représentation des banlieues américaines sans vie, triste, pesante. Une ambiance lourde et attentiste qui est fort bien travaillée. Et tout le monde sait que pour parfaire une ambiance au cinéma rien ne vaut une bonne bande originale.
Horreur, ambiance et musique, voilà un cocktail qui nous guide tout droit vers John Carpenter. Une référence qui ne se cache pas et qui s’affirme dès les premières notes de musique. Musique électronique, synthés et un son typé eighties, c’est très à la mode et en plus c’est très bien fait. En effet les compositions sont superbes… sauf que ça cloche. Tout cela n’est pas cohérent. La musique et les images ne se réunissent pas pour une extase cinématographie mais semblent se repousser comme deux amants de même polarité. L’ambiance musicale, fluide, puissante, tirant vers les aigus contraste complètement avec les cadres figés. Si parfois l’osmose se fait c’est juste que la musique passe au second plan. Mais lorsqu’elle joue son rôle, elle devient malheureusement gênante. C’est extrêmement dommage surtout que si l’on ferme les yeux les compositions sont vraiment très réussies.
En conclusion It Follows c’est un sympathique film hommage à Carpenter mais que ne réussi pas vraiment à nous toucher et dont on ressort avec l’impression d’avoir vu une belle coquille vide.