Cette critique contient surement spoiler ou éléments importants.
Avec son ambiance glauque et sa réalisation excellentissime aux codes Carpenterien s'y j'ose dire, It follows se révèle être une petite perle du cinéma d’épouvante de l'année 2015 ! Même si il possède son nombre de défaut...
Commençons déjà par les éléments qui vont vous faire aimer ce film :
- Son originalité. Que ce soit dans la réalisation, dans sa bande son, dans sa photographie, It follows est un film plaît de visu. Ce côté indé apporte une originalité à un genre très codifié dans sa réalisation et dans sa prise de vue ! On change d'air et d'ambiance ça fait du bien.
- Son ambiance. Justement l'ambiance... qui se rapproche presque de la claustrophobie. Chaque lieu (ouvert ou fermé), chaque pièce, chaque ouverture deviendra menaçante après 30 minutes de film. On passe presque plus de temps à épier les arrières plans, pour guetter l'arrivée de cette chose méconnue, qu'à regarder nos personnages principaux. Chaque personne dans le champ devient une menace potentielle... De quoi vite devenir paranoïaque ! (L'une des meilleures scènes du film pour moi est celle de la plage, on y retrouve tout le contexte paranoïaque, toute l'ingéniosité du cadrage qui permet d'installer le doute jusqu'à l'apparition dans le champ de certains personnages...)
- Ses thèmes. Oui ils sont bateaux : l'adolescence, l’Amérique moderne, le clivage des classes sociales, les dérives sexuelles de la jeunesse... Vu et revus. Mais rarement amenés de manière aussi subtiles et surtout au travers du genre de l'épouvante. Un Virgin Suicides ou un American Beauty horrifique ? Je vais peut-être un peu loin, mais l'idée est là.
- Sa finalité. Rarement je n'ai terminé un film avec autant de satisfaction. Lorsque que le générique apparaît on se dit que pour une fois, ça se finit de la meilleure façon, au bon moment et intelligemment.
Ensuite, faut pas se voiler la face quand même, It follows possède également son lot d'éléments dérangeants :
- Ses personnages. Que j'ai trouvé personnellement les plus insignifiants du monde. À part Jay (et encore) : la petite soeur, l'ami friendzoné pendant 1h15 et la petite brunette dont je ne sais même pas si elle possède un nom... Je n'ai trouvé qu'une myriade de personnage plus inutiles les uns que le autres. Enfin ils auront tous un rôle à un moment ou un autre, mais le temps qui leur ai consacré et trop court pour leur donner une vraie texture et une vrai personnalité. Au final, ce sont des personnages très stéréotypés du genre !
- Ses rebondissements et sa crédibilité. Et oui, c'est un film on ne peut plus classique sur l’enchaînement ou le déroulement des situations... Arriver avec la piscine avec 3 valises, sortir l'équivalent d'un magasin entier d'électroménager, cacher une photo de son ancienne petite amie dans un magazine X et forcément le copain friendzoné qui regarde dans ce même magazine X pour trouver des informations (rien que cette scène lance le débat sur la crédibilité de ce personnage)... En parlant de crédibilité on peut aussi évoquer cette génération, apparemment sourde, de parents américains qui n'entend pas s'époumoner les enfants en pleine nuit.
- Ses thèmes. Peut-être parfois trop subtiles ou amenés sur un plateau tel quel et débrouillez vous avec... Comme la discrimination entre classes sociales, amenée au travers d'une phrase insignifiante d'une des filles du groupe, ou encore le thème de la famille mono-parentale lorsque qu'on se rend compte que le dernier être vu par Jay est en réalité son père (mort) et supposerait donc qu'on est face à une famille monoparentale à la mère très absente... Mais au final sans aucune réelle information là-dessus. Tout est (trop) dans l'interprétation et la déduction.
Je l'avoue j'ai laissé mon côté tatillon s'exprimer ci-dessus.
It follows est pour moi l'un des meilleurs films de 2015 et l'un des meilleurs thrillers horrifiques de ces dernières années. Il renouvelle avec brio le mythe du fantôme et des esprits vengeurs avec une réalisation qui fait vraiment plaisir et donne très envie de découvrir la future filmographie de ce cher monsieur Mitchell.
Il ne me reste plus qu'à ne pas trop me retourner la prochaine fois que je rentre seul à pied chez moi... Histoire de vérifier que personne ne me suit.