Svankmajer utilise très rarement la musique dans ses films (lui préférant des sons artisanaux – ou rien) ; et pour cause, il prétend la détester, validant au passage le propos d’un surréaliste qui la qualifiait de « diarrhée de l’intelligentsia ». Fantaisie in G.Minor est ainsi son unique métrage musical, où le son de Jean-Sébastien Bach illustre et renforce une séquence sinon d’agonie, au moins de repli douillet dans un cloaque morose.
Probablement dans un appartement discret, les murs se fissurent, pour découvrir des cloisons agressives ; puis les portes s’ouvrent sur une immense demeure vide, proprement délabrée. De l’enfermement commun et neurasthénique, on passe à la prison glauque et sublime. Et c’est effectivement le sentiment : l’évasion par la musique organique (au sens premier et figuré), celle-ci s’appropriant physiquement l’environnement (elle semble moduler l’état des murs).
Être en symbiose avec la cruauté de sa condition ; la conscience de cette fatalité rend la présence plus belle. Et finalement, on débouche sur un champ de ruine, un véritable désastre, laid et décrépit, qu’on a cru fuir dans la damnation consentante. Ce film annonce à la fois L’Appartement et Le Puits, le Pendule et l’Espoir.
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