Jack et le haricot magique est le plus connu des contes de Jack (avec Jack Frost), une mythologie anglo-saxonne avec un anti-héros 'trickster'. En 1902, Edwin Porter dirige une production Edison le représentant sur grand écran. Il le tourne avec son associé George S.Fleming (qui sort des studios Edison en 1903, après avoir participé à Life of an American Fireman). Ce réalisateur est connu pour The Great Robbery Train (1903), ancêtre du western, remarquable pour sa continuité et ses procédés narratifs.
Mais Jack and the Beanstalck contient déjà une intrigue (pas juste 'un tir') et un enchaînement de plans et lieux distincts. Le film dure dix minutes, ce qui est très long pour l'époque : la même année, Le Voyage dans la Lune bat peut-être un record avec ses 14 minutes. La source théâtrale est évidente à cause de l'angle de la caméra et des attitudes sur certains plans, mais à ce niveau Porter est en avance sur la plupart de ses contemporains. Il a assimilé les 'enseignements' de Méliès. Il est même plus proche du cinéma 'pur' que lui grâce à l'usage de fondus pour les transitions, catégorie où l'homme à la tête en caoutchouc a mis peu d'emphase.
Les trucages et artifices sont nombreux et crédibles. La montée du haricot est assez dynamique et son soutien invisible, mais il faut bien une échelle lorsqu'il s'agit de le gravir. Les effets les moins rudimentaires sont les apparitions/disparitions, ceux grâce au cut-caméra forcément, mais aussi les quelques surgissements. Le caractère fantaisiste compense voire justifie le 'cheap' : la vache a un grossier costume, mais sans lui elle ne saurait pas danser. Dans un contexte où Griffith (Dollie, Les Spéculateurs) n'est encore que vendeur de journaux, ce film assure déjà l'animation à un haut niveau. Et contrairement aux 'chase films' des anglais (comme Stop Thief ou Daring daylight burglary), lui s'adresse aux enfants.
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