Même Pô Mort !

Après un cinquième film qui va provoquer la colère de nombreux fans à cause de l'absence de Jason , Paramount demande au producteur Frank Mancuso Jr de faire revenir la bête à l'écran. Comment ressusciter les morts et faire revenir Jason dans la partie c'est le petit défi de ce sixième opus dont le titre comporte un petit indice puisqu'il s'intitule Jason Le Mort Vivant. Producteurs et scénaristes ne se sont visiblement pas trop cassés la tête, puisque Jason crève et revient à chaque fois autant en faire un mort vivant et définitivement une machine à tuer, un petit coup de foudre pour une résurrection façon créature de Frankenstein et la machine est reparti ad vitam æternam. La réalisation est cette fois ci confiée à Tom McLoughlin (One Dark Knight) qui est également scénariste du film et qui insuffle à cette épisode un poil de gothique et une bonne dose d'humour, pour le meilleur comme pour le pire.

La saga Vendredi 13 n'a jamais réussi à avoir une ligne directrice forte (hormis son concept globale) et surtout une cohérence narrative qui tiennent plus de deux épisodes de suite. Dans Vendredi 13 – Chapitre 6 – Jason Le Mort Vivant on retrouve le personnage de Tommy mais plus du tout dans un rôle de psychopathe en devenir mais dans celui de l'homme qui a juré la perte de Jason. C'est donc lui qui déterre Jason pour le brûler et qui indirectement va lui redonner vie par accident. Jason se remet donc en route pour Crystal Lake en multipliant les cadavres tandis que Tommy se retrouve accusé par la police local de vouloir faire revivre la légende en trucidant des gens...

Si le personnage de Tommy rempile c'est encore un nouvel acteur (Tom Mathews) qui vient se glisser dans le personnage, le troisième après Corey Feldman et John Shepperd, ce qui n'aide pas d'emblée à la continuité narrative, d'autant plus que le caractère semble évoluer de manière aléatoire au grès des différents réalisateurs et scénaristes impliqués. En revanche ce sixième film revient un peu aux fondamentaux originelles de la saga avec le retour des moniteurs de camps de vacances et pour la première et unique fois des gamins présents dans la colonie. Malheureusement les gosses n'auront pas vraiment d'incidence sur le récit et le suspens global du film alors que la menace de Jason offrait un fort potentiel dramatique. Je noterais juste la petit gamine blonde prénommée Nancy qui fait des cauchemars dans lesquels elles est poursuivi par un monstre et à qui les monitrices viennent dire que les cauchemars ne peuvent pas l'atteindre, je ne sais pas si c'est un clin d’œil explicite au film Les Griffes De La Nuit mais en tout cas ça m'aura bien fait sourire (Le réalisateur parlera de joyeuse coïncidence, le personnage s'appelant Nancy en hommage à sa femme) . Globalement le film semble se dérouler dans une ambiance cool et semi-parodique à l'image du générique de début qui parodie James Bond et aux nombreuses références qui sont présentes dans le film (La route Cunningham, la boutique Karloff, La ville de Carpenter). On notera aussi l'idée assez amusante de confronter Jason à une belle bande de crétins qui se la joue paramilitaires pour une simple partie de paintball, ce qui franchement aurait pu faire un sujet de film à elle seule. L’ambiance un peu décalé et humoristique fonctionne parfois assez bien comme lorsque violemment projeté contre un arbre une personnage laisse une grosse trace de sang qui prend la forme d'un smiley rouge écarlate. Vers la fin le film semble même déjà s'amuser des codes du genre lorsque Jason se lève à répartition après chaque balles qu'il prend, le tout avec un gimmick sonore qui provoque un bel effet comique. Il semblerait d'ailleurs que Kevin Williamson se soit partiellement inspiré de l'esprit de ce Vendredi 13 pour imaginer son futur script de Scream. A part çà et bien pas grand chose à retenir à part peut être la jolie résurrection du monstre couvert de vers grouillants, réveillé par la foudre et lavé par la pluie dans une belle ambiance gothique.

Par contre niveau personnages ce sixième volet se classe parmi les pires de la saga. Je sauverai donc de façon assez magnanime le vieux gardien de cimetière alcoolique, les quelques débiles qui font du paintball, la petite Nancy et le shérif Garris. Le reste est assez insupportable et cela inclus malheureusement les deux personnages principaux Tommy et Megan (Jennifer Cooke assez logiquement disparue des écrans depuis) peut être la pire final girl de la saga, de celle que l'on voudrait voir mourir deux minutes après son apparition à l'écran. Sans grande surprise le final du film qui inclus nos deux endives face à Jason ne pouvait que plomber un film par ailleurs plutôt sympathique. Entre Tommy qui invective Jason du style viens te battre mauviette , l'idée un peu conne du gros caillou qui sort d'un manuel ésotérique visiblement lu en deux secondes et un final type baiser sur la plage avec les petits enfants autour difficile de rester scotcher par l'intensité d'un final totalement raté. Si l'on ajoute en plus une tendance à commencer à montrer des meurtres hors champ (Avec encore et toujours des coupes sévères de la censure) et une absence quasi totale de nudité, on sent que ce bon Jason tout en revenant à la vie a déjà un pied dans la tombe. Et même les quelques titres de ce bon vieux Alice Cooper qui viennent agrémenter le score d'un Harry Manfredini aussi attaché à la saga que Jason lui même ne viendront pas vraiment réveillé les morts. Le film, pourtant meilleur que le précédent, ne trouvera son public qu'en VHS, il faut dire que sa sortie en salles au USA en même temps qu'un petit film intitulé Aliens était un poil suicidaire surtout qu'il fallait regagner la confiance d'une fan base désarçonné par l'épisode précédent.

Jason Le Mort Vivant est donc un film assez moyen, il a pour lui son humour, son regard décalé sur le genre et ses quelques orientations gothiques mais le film de Tom McLoughlin est grandement plombé par des personnages complètement creux et des meurtres trop sages et sans grande imagination.