Quand à sa période la plus productive Jess Franco sortait jusqu'à cinq ou six films par an il ne fallait clairement pas s'attendre à toujours trouver des films d'une grande qualité. Tourné en six jours avec un simple argument en guise de scénario Je Brûle de Partout qui sort en 1979 sera classé X malgré le fait qu'il reste un softcore certes assez poussé mais sans véritables séquences pornographiques. Je Brûle de Partout est un film assez étrange, maussade et bien peu emballant qui colle un peu trop à son sujet moite pour penser que Jess Franco n-y a apporter aucun désir de mise en scène.
L'histoire de Je Brûle de Partout tient en une phrase et une simple idée de départ. Nous allons suivre ici l'histoire de Jenny une jeune fille draguée puis kidnappée pour être vendue à un réseau de prostitution avant que ses ravisseurs ne demandent une rançon à son père et tentent de la récupérer.
Je Brûle de Partout commence déjà avec une séquence assez inédite et amusante puisque dans un décor de boîte de nuit on à un couple de DJ un peu ringard qui énonce en voix off tout le générique du film. Je ne sais pas si ce procédé avait déjà été utilisé mais c'est aussi original que rigolo avec cette ambiance disco dancing boule à facettes qui donne envie de se dandiner sur son fauteuil. Ensuite on va clairement se calmer sur l'ambiance festive pour plonger dans un univers bien plus sordide de traite des blanches que Jess Franco va filmer d'une manière assez clinique et froide tout en multipliant les gros plans de chairs, de sexe et de visages avec ce qui ressemble franchement à un certain refus d'érotisation des corps. Car après une première séquence qu'on pourras encore qualifier d'érotique, celle qui correspond à un rapport consenti entre Jenny le couple qui vient de la draguer en boîte de nuit, le film va verser dans une exposition non stop assez sordide et glauque de chairs et de corps sans désirs. Droguées avec une sorte de gaz étrange qui semble les maintenir à la fois amorphes et excitées, subissant des examens gynécologique plus humiliant que médicaux, offertes, battues et violées le destin de ses femmes clairement filmées comme des morceaux de chair à plaisir ne provoque pas la moindre excitation. La répétition ad nauseum de ces séquences de cul triste et un peu sale sur fond de musique jazz un peu chiante (considération toute personnelle) finirait presque par ressembler au morne calvaire de ses filles de joie sans plaisirs. Jess Franco a t-il vraiment voulu que son film soit le reflet de cette marchandisation, glauque, répétitive et sans passion des corps ce n'est pas certain, mais c'est clairement ce qui ressort au regard de ce voyage désagréable au pays de la fesse triste. Le choix de Jess Franco, si tenté que ce soit le cas, finit aussi par se retourner contre le film puisque au bout d'un moment, lorsque l'ennui fait poindre le bout de son museau on commence franchement à se désintéresser des personnages et même du sort de la pauvre Jenny.
Niveau casting la très douce, innocente, juvénile et jolie Susan Hemingway est parfaite dans le rôle de Jenny et en opposition Brigitte Lahaie porte une sexualité provocatrice et assumée avec toute l'assurance de son personnage de manipulatrice. Le film s'appuie aussi sur un final assez bien trouvé qui renvoie d'un coup les hommes à leurs comportements déviants et parfois déshumanisés vis à vis de femmes qu'ils considèrent comme des objets de désirs qui s’achètent et se vendent. Une scène qui renvoie comme une bonne petite torgnole dans la tronche et la conscience des gros porcs qui s’accommodent parfois bien volontiers de certains aménagement moraux pour satisfaire leurs penchants lubriques avec cette simple question ; « Et si c'était ta fille …Connard » . Dommage que Jess Franco se sente obliger d'un peu venir surligner son imparable message avec cinq/dix minutes de métrage assez inutiles car personnellement j'aurai bien coupé lorsque Jenny livrée nue comme un objet et son père le cul à l'air croisent leurs regards consternés.
Je ne saurai pas dire si j'ai vraiment aimé Je Brûle de Partout car objectivement je me suis assez fermement ennuyer en le regardant au point de souvent titiller le bouton avance rapide de ma télécommande. Le film comporte incontestablement de bonnes choses, sa morale présumé ou réel est assez pertinente et le film a l'élégance de ne pas rendre agréable, érotique ou excitant le calvaire de ces jeunes femmes, après était ce pleinement volontaire ou juste une interprétation généreuse de ma part, yé né sais pas ??