Une histoire navrante et, probablement, le meilleur jeune acteur français d'aujourd'hui

Un jeune homme rencontre une jeune femme. Ils sont beaux, ils s'aiment, se marient, ont un enfant. Le petit garçon grandit, il est beau lui aussi. Tout pourrait aller au mieux. Et pourtant, petit à petit, ça va aller de mal en pis, le mec (qui n'est pas, dit le titre du film, un salaud) va partir en vrille.
Cet anti-héros est joué par Nicolas Duvauchelle. L'histoire repose sur lui. Parce que son personnage est le mystère du film. C'est lui, d'abord et avant tout, que le film portraiture, analyse, questionne. C'est lui qui nous interpelle. C'est lui qui, petit à petit, n'y arrive pas, n'y arrive plus, s'effrite, s'effondre, en dépit de l'aide que sa femme, souvent, essaie de lui apporter. "Si c'est pas malheureux, un beau garçon comme ça!", dit, en cours de film, une infirmière. Oui, une histoire navrante. Pourquoi n'y arrive-t-il pas? C'est toute la question du film, une question très complexe quand on y réfléchit bien et qui, peut-être, met en cause la société d'aujourd'hui, voire la civilisation de ces trois derniers millénaires. Mais je vais prudemment éviter d'analyser ici les mécanismes de cette histoire.
Dans le rôle difficile de cet homme jeune (qui a une jolie femme, sage, intelligente, travailleuse, manifestement amoureuse de lui, et un jeune fils, charmant, gentil et qui adore son père) "qui n'est pas un salaud", même s'il finit par en avoir, à tout le moins, l'apparence, Nicolas Duvauchelle est exactement l'acteur qui convenait. Extrêmement sensible (son jeu me rappelle Patrick Dewaere) mais indubitablement viril, ombrageux, entier, touchant, mystérieux, pathétique. Il réussit l'impossible : à la toute fin du film, on reste, malgré tout, navré pour lui. Sa femme (Mélanie Thierry) a beau être en larmes, on se demande si, avec un peu plus de patience et de compréhension de sa part, toute cette histoire ô combien navrante n'aurait pas pu tourner différemment. Mais le réalisateur (et scénariste) Emmanuel Finkiel a poussé la démonstration jusqu'au bout et opté pour une fin spectaculaire : c'est son film, donc son droit..