La culture a du bon : elle permet l’exploration de mœurs nouvelles, le voyage vers des contrées lointaines et la construction de cette sagesse qu’on nomme le relativisme.
De la Corée, le cinéma exporte surtout ses polars stylisés et violents, plus ou moins raffinés dans leur vengeance au long cours, qu’on soit chez Na Hong-Jin ou Kim Jee-Woon. Park Chan-Wook lui-même y fait des miracles, puisqu’il a avant ce film bouclé sa fameuse trilogie de la vengeance au sommet duquel trône l’indépassable Old Boy.
Mais tous ces films, si audacieux soient-ils, ne font finalement que pousser certains curseurs déjà en vigueur chez nous – c’est-à-dire dans le cinéma américain : noirceur, violence, part sombre des protagonistes, dénonciation sociale et exploration urbaine.


Non, si l’on veut vraiment se confronter à une culture, rien de tel que de se frotter au rire. Et c’est peu de dire que la comédie asiatique peut déconcerter l’Européen frileux.
Sous le contexte imparable de l’asile psychiatrique, Je suis un cyborg est une anomalie particulièrement perturbante dans la filmo de Park Chan-Wook : romance et comédie, donc, où se mêlent yodle suisse, anorexie, lévitation et cyborg, donc.


La naïveté des personnages, le wtf à peu près constant empêchent toute identification. Il faudrait, j’imagine, prendre ça comme une curieuse récréation, amusante par sa sortie permanente des sentiers battus ; certes. On voit bien l’attention portée par le cinéaste à la forme pour propager la folie des personnages sur son image, colorée comme un étalage de cupcakes, pour un objet pop et enfantin aux prises de vues un peu décalées et au grain numérique peu ragoutant.


Ça passe ou ça casse. Si l’on ajoute à l’indifférence l’ennui généré par les répétitions, il ne reste plus grand-chose à sauver. On retiendra cet éclectisme étonnant dans la filmo d’un cinéaste dont on croyait avoir saisi la patte au vu des cinq longs métrages qui encadrent celui-ci, et qu’il semble tout à fait assumer, certes comme une pause après sa trilogie, mais pas comme une erreur de parcours. La politique des auteurs, concept ô combien français, trouve ici ses limites : voilà une autre leçon de relativisme.


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Sergent_Pepper
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le 31 juil. 2016

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