Bien que datant de 1990, ce téléfilm semble plutôt sortir tout droit de 1980 et est une adaptation plus centrée sur la pression sociale que sur la simple dualité de l'homme.
Jekyll est ici un brave médecin souffrant d'une mauvaise réputation : il a sorti des thèses sur la chimie médicale qui offense les thèses plus traditionalistes et chrétiennes, et il sort avec une femme mariée déçue de son mari marin qui est en Chine.
Mais il est difficile de dire ce qu'est Hyde hormis de bêtes pulsions animales et meurtrières (rien à voir avec le désir de revanche contre la société ou alors la mise en scène ne le suggère que très peu).
L'ajout d'une amante et de parents à Jekyll est toutefois bien vu car rajoute du pathos à la dualité Jekyll / Hyde, surtout au moment où tout s’arrangeait pour le bon et brave docteur.
Toutefois, le film semble presque suinter de conservatisme à l'égard de Jekyll, comme s'il avait tort de chercher à guérir certains maux et comme si la science était forcément sans éthique avec lui. Il n'a fait qu'une vraie erreur : Hyde, qui créé de la souffrance et ne contribue en rien au progrès.
Pour le reste, tantôt tout semble se liguer contre lui et tantôt il semble payer pour ses péchés. La position du téléfilm semble assez ambiguë mais évite au moins l'énième Hyde = Jack l'Éventreur.
Pauvre Jekyll, d'abord victime de la société puis de lui-même, incapable de survivre dans un milieu où la réputation forge la vie.
Peu à dire pour le reste, les costumes et acteurs sont corrects (la transformation est assez réussie pour Jekyll & Hyde). La fin de Jekyll est tire-larmes, et celle de sa femme plutôt dans le ton qu'on attendrait de Robert Louis Stevenson lui-même.