Jeune & Jolie par Ben Ric
Loin d’être un film graveleux ou encore choquant, "Jeune & Jolie" n’en est pas moins un film d’Ozon, qui contient donc sa part de provocation, de voyeurisme et d’érotisme comme c’était déjà le cas dans "Swimming Pool" et "Gouttes d'eau sur pierres brûlantes"… deux de ses meilleurs films.
Et si le film contient une grande part d’érotisme et de sensualité, il est aussi un film profondément humain avec beaucoup d’émotion et de sobriété dans la mise en scène et dans le scénario, notamment dans la relation entre la belle Isabelle et sa maman, qui dépasse largement les clichés habituels, avec des situations et des dialogues souvent très intenses, montrant bien toute la complexité du rapport mère-fille et des difficulté pour les parents à gérer le passage de l’enfance à d’âge adulte de leur enfant. A ce titre, les scènes, très belles, entre Géraldine Pailhas et Marine Vacth) constituent sans aucun doute une des clés de la réussite de ce film.
Sans juger et sans excès, Ozon a construit un récit très dense, avec des personnages touchants et complexes, pleins de failles, incarnées par des acteurs très bons, avec tout en haut, le portrait d’une jeune fille aussi belle qu’insondable quant aux motivations de ses actes, incarnée une Marine Vacth au regard à la fois farouche et mélancolique, et à la beauté fragile.
Avec "Jeune & Jolie", Ozon, auteur prolifique mais inégal, signe un film juste, envoutant, qui interroge sans donner trop de réponses, et qui constitue à ce jour une de ses plus belles réalisations.