Jeune et jolie. (ou ma maigre lettre à François Ozon Mon cher François, Sachez tout d'abord qu'immense friande de votre travail je n'étais pas. C'est votre humanité, votre humilité et votre simplicité devant laquelle je m'inclinais après vous avoir longuement écouté. A la hauteur de votre travail vous saviez rester. Linéaire, sans excès, ni prétention. En ce Jeune et Jolie raisonne un tout autre écho. Une certaine maturité semble avoir touché votre âme et creusé la dent qui avait trop peur d'être souillée. Elle ne se manifeste non pas par la « gravité » du sujet ici traité mais pour ce que vous avez su y placer. Sans grande théâtralité vous avez tendu la main au silencieux, au mystère, au calme. Vous avez alors compris. Le tout avec une très grande élégance. Le classicisme et la brutalité de votre mise en scène ci présentes, font de votre nouvelle réalisation, la plus émotionnellement aboutie. De ce Jeune et Jolie se dégage une puissante aura de tristesse. Oh profondes effluves d'un parfum de mélancolie ! Vous flottez au dessus d'une grande majorité de ces instances cinématographiques. Vous détachez, François, ces grands concepts du cœur de ce qui les génère couramment. A savoir l'amour. La chaleur d'une quelconque explication s'efface alors. Et le mystère se poursuit. Le film se regarde donc sans le moindre ennui malgré de rares soupçons d’agacement. Nous avons devant nous une œuvre donc bien loin de toute perfection mais à l'image si forte que trop critiquer serait la souiller. Humour aux situations surprenantes et pathos peu appuyé, c'est si bien dosé. Puis à l'instant où l'image se tait, que la salle se vide et que l'heure est venue, le grand ressenti s'installe. Monsieur Ozon, vous avez réussi. On oublie ce que l'on vit, nous ne sommes plus que tristes émotions inscrites là où nous ne les aurions pas attendues. C'est alors pour cette raison qu'il s'agit de votre meilleur film. Merci et bien à vous surtout.