On se demande où François Ozon veut aller avec ce film plein d'histoires inabouties. Se réfugier derrière l'idée de faire un constat sans jugement est facile et pourrait se justifier s'il s'agissait d'un documentaire, mais il s'agit ici d'un scénario de fiction et on ne constate que sa propre création.
A 17 ans Isabelle se prostitue. Le prétexte bateau en pareille circonstance est de dire: pauvre Fantine, pour nourrir sa petite Cosette, elle n'a pas le choix. Mais Isabelle n'a pas cette excuse avec des parents aisés qui lui donnent tout ce dont elle a besoin.
Un début d'explication apparait lorsqu'on la voit collectionner les billets gagnés comme autant de trophées secrets qui sont la preuve de sa valeur. De même, elle est fière de provoquer sa mère en montrant qu'elle peut aisément payer le psy qui est beaucoup moins cher qu'elle.
Il s'agit dans ce cas d'une démarche qui ressemble beaucoup à la nymphomanie plus qu'une volonté de briser des tabous ou de s'émanciper. Isabelle n'est pas une révoltée.
Mais à côté de ça, on nous présente une famille recomposée, une mère qui trompe son conjoint, un frère à l'attitude ambigüe, un beau-père troublé par les provocations d'Isabelle. Devrait-on voir là-dedans les raisons de la mauvaise image d'elle-même qu'Isabelle essaie de compenser? Autant de fausses pistes. Seule l'absence du père pourrait fournir un début d'explication, mais on ne s'y intéresse pas.
L'arrivée de la veuve de Georges, jouée par Charlotte Rampling, qui explique qu'elle aurait rêvé de se prostituer, mais n'a jamais osé replace la prostitution comme un fantasme féminin banal. Les femmes jugeront.
Pour ma part, je pense qu'une femme qui exerce ce métier, n'aime probablement pas vraiment les hommes. Ca doit même lui être beaucoup plus facile si elle les méprise.