Fil carré
— Jim, penses-tu que tu serais le même aujourd'hui si tu n'avais pas joué le rôle d'Andy ? — Non. L'effet papillon mec. Tout serait complètement différent. (Petite pause) Les choix nous...
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le 30 nov. 2017
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En 1999, Jim Carrey est embauché pour jouer Andy Kaufman dans un biopic : Man on the Moon. Kaufman aimait entretenir le doute et la gêne sur la nature réelle ou fictive de ses performances. Avec une approche actor's studio punk inspirée du maître, Carrey va se mettre à tenir le rôle de Kaufman devant et derrière la caméra, jusqu'à faire chier une grande partie de l'équipe, voire mettre en péril la production, s'imaginant (ou laissant croire) qu'il est possédé par son esprit.
Jim Carrey est un comédien brillant, forgé par sa passion et sa force de travail. On apprend durant le film que la peur de la pauvreté a probablement été un de ses plus grands moteurs dans sa réussite, ayant travaillé à la mine et connu des périodes SDF quand son père est devenu chômeur.
Carrey a vécu le rêve américain de A à Z, parti de rien au Canada, il devient la star hollywoodienne mondiale après son triple-succès de 1994 (The Mask, Ace Ventura et Dumb & Dumber). Et tout ça par l'approche la plus ricaine qui soit : s'écrire un chèque de 10 millions d'euros (qu'il n'a pas encore) pour cinq ans plus tard, en guise de prophétie autoréalisatrice. Dans la Sillicon Valley, on dit «fake it until you make it», les coaches en développement personnel plus ou moins sectaires évoquent l'énergie positive, le bon attire le bon (théorie évoquée d'ailleurs dans Yes Man, un autre film avec Jim).
Seulement voilà, une fois tous ses rêves réalisés : la notoriété, la richesse, l'accomplissement artistique... Il n'était toujours pas heureux. Pourquoi ?
Carrey n'est pas seulement un bon acteur, c'est aussi un type assez réfléchi et en quête de sens. C'est à travers l'expérience du tournage de Man on the Moon où son immersion totale dans les rôles d'Andy Kaufman et Tony Clifton lui a fait déconstruire sa propre personnalité, et les thèmes métaphysiques de The Truman Show dans lequel il tenait également le rôle principal, qu'il a abandonné toute quête de succès pour se concentrer sur sa recherche du bonheur, ou tout du moins une forme de paix intérieure.
En bon disciple d'Eckhart Tolle, semi-gourou prônant notamment l'abandon de l'ego dans son Pouvoir du moment présent, Carrey semble aujourd'hui équilibré en ayant abandonné toute ambition et aspirant à une forme de néant (selon ses dires). C'est probablement la meilleure stratégie à adopter lorsqu'on est à la tête de la pyramide socio-financière humaine et qu'on a accompli tout ce qu'on voulait. Ça évite de péter une durite et tomber dans la drogue, les orgies, le transhumanisme ou Dieu sait quelle connerie l'élite fait pour s'occuper.
Jim et Andy est plus un documentaire sur Jim Carrey et comment la santé mentale d'un humain survit au vide existentiel qui s'ouvre lorsqu'on a réalisé les rêves qu'on convoite tous.
Néanmoins, petit bémol sur ses propos finaux sur le bien-fondé de la personnalité, des frontières, des religions, etc. En effet, toutes ces structures qu'il estime «arbitraires» dans une diatribe un peu hippie débilos ne le sont pas lorsqu'on doit encore gagner sa vie et se réaliser en tant qu'humain.
Après 30 ans d'opulence et d'absence de considération matérielle, Jim a oublié qu'on a besoin de règles et d'architecture culturelle et mentale pour être tout simplement fonctionnel dans le monde du travail, dans la lutte pour trouver l'âme soeur, élever ses enfants, etc. Ce n'est que quand on a construit et réussi sa vie que l'on peut se permettre de la déconstruire.
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Créée
le 7 mars 2021
Critique lue 52 fois
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