Joe Strummer n'est plus...The Punk is dead !
Tu es jeune et ta soif musicale est inétanchable.
Ton esprit curieux vagabonde de disques à maman en disques à papa, humectant à peine tes lèvres d'une connaissance au goût de "trop peu".
Et puis..
Au détour d'un chemin de fortune, un riff de guitare sec comme un coup de bambou sur les fesses.
Une voix, un chant en état d'urgence qui te gueule que Londres se noie et qu'elle demande du secours. C'est l'électrochoc !!
Tu viens d'entendre Joe Strummer scier sa gratte avec son médiator, pour en sortir un riff de bois brut. Tu viens d'ouïr ce souffle Londonien, cette voix éraillée qui envahit ta caboche, t'ouvre les yeux au pied de biche et te latte le cul à deux pieds.
Strummer est pressé, Strummer a des choses à dire, à hurler. Strummer est dans l'urgence avec les Clash.
A la fin des années 70, tandis que la France était persuadée d'écouter du Rock en entendant japper Aubert et grattouiller l'aut' con de "the voice".
De l'autre côté de la Manche, nos pâles voisins aux chicots pourris, cette jeunesse Anglaise cloîtrée entre quatre murs gris, giflée à tour de bras par une Margaret "Thénardier" Thatcher aux mains dures et froides comme l'acier d'un côté, et oubliée de l'autre, par une Queen recluse dans Buckingham regardant passer les émeutes ( Ouvriers, dockers, Jamaïcains...) en priant, à l'instar d'un Johnny Rotten hilare, que Dieu la sauve.
La jeunesse Rosbeef, disais-je, profitant du malaise social, d'une ébullition créative anarchisante et du doux ronronnement des dinosaures du Rock du début des 70's, égrenant accords et solos avec la même lassitude qu'un figurant "applause" chez Drucker le dimanche, et s'endormant doucement sur leurs succès passés. La jeunesse donc, prit les choses en main.
Elle prit les guitares en main, l'épingle à nourrice dans le nez, et partit en guerre..
La grande aventure de Joe Strummer et des Clash pouvait alors commencer.
Le documentaire de Temple, compagnon de route du mouvement Punk, nous propose de suivre l'ami Joe, de sa naissance à Ankara en Turquie, avec quelques films de famille en super-8 à sa dernière interview.
Des débuts des "101'ers" premier groupe de Joe, sur les petites scènes underground Londonienne à la tournée Américaine des Clash et leur final Ricain dans le légendaire "Shea Stadium", et jusqu'au retour salvateur du "bûcheron" avec ses mescaleros à la fin des 90's.
Un doc touchant sur une figure essentielle du Rock. Un être complexe et attachant. Une icone du Rock malgré lui, qui n'assumera jamais vraiment cette image.
Un homme engagé et enragé, qui pendant dix années tumultueuses au sein du Clash, et malgré de très fortes personnalités fera régner une rébellion constante et une tyrannie "Stalinienne" des idées.
L'un des points forts de ce documentaire pertinent est de nous montrer un Strummer se perdant doucement aprés l'explosion du groupe, errant entre famille et amis à la recherche de quelque chose.
Le cinéma, les BO, les groupes ou plutôt les groupuscules, ne parvenant pas à se poser.
Voyageant, toujours en partance, se cherchant et ne voulant pas se trouver.
Jusqu'à ce qu'après une dizaine d'années d'errances, l'ami Joe se réconcilia enfin avec lui-même, avec sa vision Humaniste qui ne l'avait jamais véritablement quitté et avec l'héritage essentiel et si lourd à porter, que son petit groupe de Punk Londonien laissera dans l'histoire, à l'image d' une météorite enflammée et incontrôlable s'écrasant avec fracas sur la planète Rock..
Joe Strummer mourra à 50 ans, le 22 décembre 2002.
Et ce n'est pas Bono (interviewé) ou RTL2 qui diront le contraire : Le plus grand groupe de Rock du monde n'est pas Irlandais.
Il est Anglais et s'appelle : LES CLASH