Ne pas croire la rumeur. Ne pas croire les cyniques. Ne pas même croire le studio Disney, qui n'a jamais compris le potentiel de John Carter et a vomi une campagne marketing hideuse et peu convaincue.
Non. John Carter n'est pas cette baudruche redoutée d'images de synthèses sans âme, ce fiasco annoncé avec une belle complaisance, c'est bien au contraire un chouette spectacle de SF à l'ancienne, pensé avec savoir-faire comme un vrai divertissement, le genre qui fait grave rêver.

Un vrai sens de l'aventure
John Carter déborde d'ambitions et de générosité, slalomant constamment entre les genres (Western, Aventure, SF), les mondes (la terre et Barsoom), les peuplades. Avec un brio appréciable.
Si tout ne se goupille pas parfaitement dans l'adaptation de l'univers complexe d'Edgar Rice Burroughs, l'essentiel est là: le sens de l'aventure, le plaisir avant tout.
Orson Welles disait que le cinéma devait être un ruban de rêves, John Carter c'est un peu ça, un beau ruban de péripéties rocambolesques et d'aventures grandioses s'enchâssant avec entrain.
Tout est là, un héros récalcitrant qui se mue en guerrier intrépide et investi, une princesse sexy et coriace l'épée en main, un décorum de space-opéra sophistiqué, des courses-poursuites de folie, une arène de gladiateurs improvisés, des affrontements sans merci.
Un ruban de plaisirs on vous dit.
Et quand le tout est porté par la génialissime musique de Michael Giacchino (Up, Super 8), on comprendra que John Carter trouve un souffle épique, déployant un univers à la féerie carrément enchanteresse. Carrément.

Un vrai sens de l'émotion
L'énorme morceau de bravoure de John Carter, c'est cette bataille où le héros s'arrête de fuir et attend immobile d'affronter une armée à lui tout seul. Prêt à se sacrifier. Des flash-backs, déjà entraperçus auparavant, lui reviennent et prennent enfin pleinement sens pour le spectateur. L'homme a autrefois perdu sa famille et il ne veut pas reproduire les erreurs du passé. Habité par les visions de sa famille qu'on lui a arraché, il se lance à corps perdu dans la bataille.
Le cœur de la séquence est là, la douleur d'un homme dépossédé de sa femme et son enfant, sa volonté de les retrouver en se battant comme une furie. En affrontant la mort. L'alternance entre les flash-backs et le combat est un vrai tour de force. Une articulation casse-gueule qui pourrait être frustrante au niveau du spectaculaire, le mariage est juste virtuose et donne la chair de poule. Magnifique!!

L'émotion est aussi là, un comble, chez des personnages entièrement en images de synthèses. Avec, comme toujours, la notion de famille au centre de tout. Les Tharks père et fille, Tars Tarkas et Sola, sont touchant lorsqu'ils traversent des émotions aussi universelles que reconnaître l'autre comme son sang, craindre pour la vie de l'autre. Ainsi, lorsque Sola apprend qui est son père, elle passe par une belle variété d'émotions: la colère, le déni, l'acceptation. Le père, ce chef farouche, ne pourra résister à écraser une larme lors du mariage de John et la princesse de Mars. L'empathie est bel et bien là, ce sont des petits détails qui marquent.
Loin du tout-venant des films froids parasités par les images de synthèses, l'univers graphique de John Carter est donc non seulement grandiose mais réussit aussi assez brillamment à véhiculer un je-ne-sais quoi d'humain, d'émouvant. Un beau pari réussi.

Pour conclure, un mot sur les véritables ennemis qui, dans la réalité comme dans le film, sont ces hommes sans visage, ces cyniques sans autre cause que celle de comploter dans l'ombre pour mieux dicter la marche du monde et du bon goût.
On les emmerde.
Oui, John Carter s'est planté. Oui, John Carter est une production sur-friqué. Mais contrairement à la vague des Green Lantern et autres Spider Man 2.0 lyophilisés, il y a ici une âme, une volonté manifeste d'enchanter.
Ouais, le film est pour les vrais aficionados, pour tous ceux qui savent encore reconnaître les belles propositions de Cinéma quand elles leurs sont présentés.
Nous, comme notre héros John Carter Of Mars à la fin de son périple, on rêve les yeux grand ouverts et le cœur battant de repartir encore une fois sur Barsoom.
Dalecooper
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le 16 févr. 2013

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Dalecooper

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