Sept ans qu’on ne l’avait pas vu, sept où l’on ne savait pas ce qu’il était advenu de lui. 2018 signe son retour, le retour du pire des agents du MI7, celui qui ne risque pas de faire de l’ombre à James Bond : Johnny English. Sortit de sa retraite, l’agent s’attaque au monde du cyber terrorisme. Après avoir fait découvrir la France à son son Mister Bean, Rowan Atkinson y emmène son Johnny English pour y semer la zizanie. Troisième mission réussie ?
L’espion qui avait accidentellement tué ses fans
Depuis Johnny English Le retour, soit 2011, Rowan Atkinson c’est fait discret au cinéma, a regagné les planches de théâtre, tout en réinterprétant Maigret dans une sorte de suite/reboot de la série. Sept années après, Johnny English sort de sa retraite pour aider son pays, l'Angleterre. Sur sa route, il croisera une nouvelle Johnny English girl, elle même autrefois James Bond girl: Olga Kurylenko. Maladresses, fausse assurance, chance de cocu, séduction, jeu de sourcils, grimaces, le personnage a prit de l’âge certes, sa bêtise est éternelle, son énergie aussi. Seulement il y a un très gros problème avec Johnny English 3 : tout sonne réchauffé, peu inspiré, et surtout vide. En prime, film se retrouve dès les premières minutes, amputé d’un paquet de scènes sans doute importantes et plus explicatives.
Que c’est-il passé avec le scénario de Johnny English 3 ? Sans réelle promotion sauf dans certains cinémas (comme Pathé), ce troisième opus d'une franchise qui, en France, a assez bien marchée, passe ici incognito. Peter Howitt, réalisateur du premier opus ne reviendra pas à la réalisation, pareil pour Oliver Parker, réalisateur du second. A la place, David Kerr, réalisateur Britannique dont on n’a jamais vraiment entendu parler, qui visiblement, n'a pas compris ce qu’était l’ambiance de la franchise des Johnny English. On le sent pourtant le choc des époques. Cependant, on l’exploite mal.
Comment Rowan Atkinson a-t-il pu laisser passer ça ? Lui qui a toujours été très professionnel, donnant son opinion et proposant des idées pendant le tournage de ces films. Le début de ce Johnny English est précipité, les gags et répliques sonnent déjà vu, l’intrigue manque d’intérêt et on ne sait pas ce qu’il c’est passé avec le casting mais on a la sensation d’être tombé dans un magasin qui a déposé le bilan. Ne reste quelques invendus. Quelle tristesse de voir que ce troisième épisode d’un personnage si attachant et hilarant n’a plus rien de neuf à nous offrir. Seul intérêt : retrouver un Rowan Atkinson en forme ainsi que son partenaire Ben Miller alias Boff, grand absent du deuxième opus.
Panne d’inspiration sur tous les tableaux, Rowan Atkinson et Ben Miller tentent vainement de sauver le film. Nous aurons droit à deux, trois scènes cultes réussissant à nous faire bidonner. Hélas ne comptez pas faire travailler vos abdominaux comme dans le passé. Johnny English 3 fait plus sourire, par compassion. Cet épisode, bien que comportant une bande originale d’une totale réussite (allez comprendre pourquoi), galère. Développement des personnages, développement de l’antagoniste, de la Johnny English girl, de l’histoire, il n’y a rien à sauver. Et c’est dommage quand on voit que tous les acteurs, à commencer par les principaux, et Emma Thompson charismatique dans le rôle d’un ministre arrogante et incompétente, montrent qu’ils sont motivés. C’est le scénario le gros problème.
Ces histoires de cyber terrorisme, ça ne date pas d’aujourd’hui. Résultat des courses, Johnny English 3 accuse un retard de plus de cinq ans. C’est pas comme si c’était le premier film à exploiter le concept de hacking. Quant à cet autre concept, celui de parodier ingénieusement la franchise des James Bond, ce sera le minimum syndical. Au moins, pour le plaisir des fans et des autres, on a enfin le droit de voir Johnny English enfiler son célèbre exosquelette, cette combinaison High-Tech dont il nous parlait très souvent dans les deux autres films.
Votre scélérat High-tech ne nous verra jamais venir.
Au final, au lieu de faire mourir de rire, Johnny English Contre-attaque, frustre, attriste celles et ceux qui attendaient avec impatience depuis des années le retour de leur espion maladroit préféré. Old School, même si le pitch rend pertinent le retour de son héros, même si on prend plaisir à le voir enchainer les gaffes en France (la scène du restaurant et du bar), à voir des effets spéciaux dignes d'un blockbuster américain, puis le retour d'une Aston Martin rouge équipée de petits gadgets à l'ancienne et son duo de choc, on boude le fait que la franchise n'a plus rien à proposer de nouveau. Poussive, déjà vue, la magie n'opère plus, et ce n'est pas avec cette scène hilarante et subtile voyant Rowan Atkinson se payer la tête de la réalité virtuelle que le film sera sauvé. Frustrant, d’autant plus qu’on ne veut pas voir notre espion raccrocher.