Quand la guerre coupe les ponts de la communication

Il y a quelque chose de désarmant quand on regarde Johnny Got His Gun, comme si la claustrophobie et les peurs du personnage principal était partagées par le spectateur. Il s'agit sûrement là d'un des films les plus éprouvants à regarder.


Un bon film de guerre, c'est surtout un film qui réussit à transmettre cette sensation de malaise au spectateur, et dans cette optique, Johnny Got His Gun est foutrement réussi. Joe n'a plus rien d'humain, après s'être pris un obus en pleine poire, le voici déformé, si bien que les médecins qui le maintiennent en vie par pure expérience scientifique le considèrent comme inapte à la pensée. Incapacité de communiquer, n'ayant plus de bras, plus de jambe, ni même ses yeux pour pleurer, Joe peut à peine lever la tête. Le voici seul avec sa pensée, avec son passé, et les choix qui l'ont amené à se retrouver dans cette chambre d’hôpital, coupé du reste du monde sans même savoir depuis combien de temps il est dans cet état.


Si les quelques moments de bonheurs arrivent à nous faire brièvement oublier la détresse dans laquelle se trouve Joe, c'est surtout pour nous y replonger brusquement, nous rappelant la triste réalité qu'est le sien, sans couleur, sans bruit, où la chaleur du soleil se fait rare, et la chaleur humaine encore moins.


Alors oui, Johnny Got His Gun n'est clairement pas une partie de plaisir, sans même nous montrer ne serait-ce uune scène de bataille, sans montrer un coup de feu où une éclaboussure de sang, Dalton Trumbo arrive à nous faire vivre l'horreur de la guerre, celle qui vous fait perdre jusqu'à votre dignité d'être humain, qui coupe les ponts de la communication.


Après, on pourra bien dire que le film a ses longueurs, il faut dire qu'il ne s'y passe pas grand chose, mais au final, il faut surtout retenir l'incroyable pesanteur qui s'en dégage, particulièrement dans son final, probablement l'un des plus effrayants que j'ai vu tant par sa tristesse que la monstruosité humaine. En bref, un grand film de guerre, qui agit différemment des autres, et qui, de cette façon, tire son épingle du jeu.

James-Betaman
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le 22 oct. 2018

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