Pour l'atmosphère de sensualité qui se dégage et le talent des acteurs
Joli premier long métrage de Corinne Bottaro. Quel joie de retrouver Sandrine Bonnaire dans un beau rôle de femme modeste aspirant à s'échapper de sa morne et routinière existence. Beaucoup d'invraisemblances (personne ne croira qu'en si peu de temps quelqu'un puisse devenir aussi forte aux échecs) pour une structure de scénario vue et revue: la fameuse opposition de classes sociales sous-jacentes, l'aspiration à sortir de son milieu ne serait-ce que par les échecs, etc. Même la fin est téléphoné, on s'y attend tous. Donc pas d'originalité.
Cependant, il s'agit d'un film attachant, notamment parce que Caroline Bottaro filme le paysage Corse comme personne (voir les plans à grande profondeur de champ sur les déplacements en vélo ou en autobus et sur la mer Méditérranné) et qu'elle sait diriger ses acteurs. Mais surtout parce qu'elle distille dans sa mise en scène une atmosphère de sensualité où chaque silence, chaque regards, chaque gestes siginifient beaucoup plus que le dialogue en lui-même. Elle sait filmer les visages et les corps et sait les magnifier. Ce n'est certainement pas un hasard si elle a choisie Sandrine Bonnaire, toujours très à l'aise dans l'expressivité de ses regards et de ses mines éclatantes et lumineuses ou graves.
Les scènes entre elle et Kevin Kline (dont il se dégage une douceur et une prestance rare) sont, à cet égard, une réussite totale. Rien n'est dit, tout est dit de cet amour ou profonde admiration qu'ils ont l'un pour l'autre seulement dans l'intensité de leurs regards et les gestes à peine esquissés (surtout dans la dernière scène qu'ils ont ensembles).
Francis Renaud, dans le rôle du mari, tient un rôle plus caricatural, certes, mais avec le talent qu'on lui connaît
Vivement le prochain long métrage !