Tati définit dès ce film ce qui sera son univers, mêlant les inventivités visuelles permanentes à un sens du rythme narratif assez singulier. Le film est un pivot très intéressant dans les innovations du cinéma. Tourné à l’origine en couleur (ici en noir et blanc dans sa version originale restaurée) et exploitant tous les ressorts du son (musique, mais aussi paroles, dans une dimension la plupart du temps ironique, les borborygmes du facteur étant peu compréhensibles), c’est aussi tout le génie des grands du cinéma muet (Chaplin ou Keaton) qui s’y déploie. Chaque plan recèle une idée, un gag, dans un ambiance joyeuse et festive. Le propos est d’autant plus malin qu’il s’inspire d’un film sur la distribution du courrier en Amérique, détournement génial de Tati sur des films de cascadeurs dont il va donner la version provinciale, attachante et modeste qui fera toute la saveur et la singularité de son cinéma à venir.