Lancé sans grande motivation, un peu au pif pour être honnête (ce moment où ça fait une heure que tu cherches un film à mater et que tu fermes les yeux en cliquant au hasard, fais-pas genre, je sais que tu fais pareil !), Journey to the West, avec ses combats d’une créativité redoutable, son pitch classique mais exploité à la perfection, sans aucune baisse de rythme, et ses ruptures de ton constantes, fait l’effet d’un concentré d’énergie communicative qui file le sourire.
Petite rasade de bonne humeur qui prend la forme d’un exercice de style marqué par l’univers bien particulier de Stephen Chow, virtuose ludique qui se joue des genres avec une aisance insolente. Une petite base de folklore chinois, une pincée de baston dantesque, un zeste de comédie absurde et une mise en scène sauvage ; tous ces petits éléments disparates finissent par se conjuguer en une récréation savoureuse.
Qu’on se le dise, Journey to the west est un divertissement en or massif, mais un divertissement pour adulte, un vrai. Mature dans ses thématiques et surtout très cash quand il doit l’être : Chow n’hésite pas à rayer de l’image petits et grands au besoin de son script, et quand un personnage, qu’il soit sympathique ou non, doit sortir de l’histoire, c’est en grande pompe, avec violence, sans sentiment, ni remord. Le fruit d’une écriture sans concession qui fait dans l’efficace et ne courbe pas l’échine devant la pression du divertissement populaire sans aspérité qui caractérise habituellement les films à grand spectacle.
Alors tout n’est pas parfait, l’image accuse par moment un côté assez cheap et certains effets spéciaux sont un peu à la peine. Mais ces gimmick visuels un peu tout much se font pardonner parce qu’ils s’inscrivent dans un folklore type mythes et légendes qui se prête plutôt bien à l’exagération graphique. Et pour contrebalancer cette anarchie visuelle constante, tous les acteurs en présence se donnent à 3000% pour suivre la frénésie abusive d’un cadre intarissable de dynamisme.
On pourra émettre quelques réserves à propos de la fin (tout petit) : Chow se fait véroler par la fièvre contagieuse de la saga en jouant le petit malin avec un dénouement qui appelle une suite. Mais pour le coup, je déroge à mes principes : s’il me promet une nouvelle dose de Shu Qi (<3), que sa troupe est motivée pour remettre le couvert avec le même panache et qu’il emballe le tout avec autant d’idées, je suis prêt à me laisser corrompre sans rougir.