Jours de pêche en Patagonie par Patrick Braganti

L'argentin Carlos Sorin s'est fait en l'espace de ses trois premiers longs-métrages le spécialiste des films à thèse sociale, mettant en scène des gens modestes, pauvres à l'extérieur et riches à l'intérieur en quelque sorte. Des films emplis d'humanisme dont le traitement volontiers minimal pouvait séduire, parce qu'ils reflétaient aussi une certaine réalité de la société argentine. Avec ce nouvel opus, dont la principale qualité est sans doute sa brièveté, le système mis en place par Carlos Sorin semble s'essouffler et tourner à vide. Il s"y passe si peu de choses, les personnages sont si banals et fades qu'on finit par s'y ennuyer ferme. Seules les scènes centrales autour des retrouvailles entre le père et sa fille procurent un peu de chair et d'émotion, alors que tout ce qui a trait au projet d'aller à la pêche au requin ne présente guère d'intérêt, sinon vaguement métaphorique et allégorique. Certes les paysages grandioses et désertiques de la Patagonie aident beaucoup à sortir le film de l'ornière prévisible dans laquelle il ne manque pas de s'embourber, mal servi par une interprétation au rabais, où l'acteur principal, Alejandro Awada, joue les Vincent Lindon sud-américains. On osera être indulgents en considérant que cette parabole naïvement humaniste tombe à pic dans la période des fêtes.