"Un lâche meurt souvent avant de mourir, un brave ne goûte à la mort qu'une fois"
Une chose est sûre, on en fait plus des comme ça. Comment imaginer un tel flot de dialogues aujourd'hui, comment surtout imaginer des protagonistes se parlant longuement à eux-même, seuls et à voix haute ?... Pourtant, en digne adaptation de Shakespeare, ce sont bien de ces mots que surgit toute la grandeur de ces hommes.
Le film se tient admirablement bien et les 2 heures passent toutes seules alors que deux parties bien distinctes se font face. Dans un premier temps, l'assassinat de César est fomenté par l'ambitieux Cassius, puis Marc-Antoine jette son oraison funèbre à la figure du peuple Romain pour mieux l'embraser et provoquer la chute des traîtres de la plus subtile des manières, la manière politique, toute en langue de bois. Marlon Brando qui interprète Marc-Antoine, finalement pas énormément présent, dégage déjà une puissance remarquable. Son long plaidoyer est sans conteste une partie mémorable de l'ensemble. César brille par sa seule présence et James Mason compose un Brutus tout en sensibilité. Car c'est bien la puissance des mots, des doutes et des convictions qui dirige cette empire en perdition. On y palpe merveilleusement la fragilité de Rome et la noblesse qui se dégage de chacun, même chez Cassius.
Pas toujours sans reproche visuellement, et s'achevant sur une déchéance un peu vite balayée, Jules César n'en reste pas moins un grand péplum Shakespearien où Mankiewicz installe sans heurt le poids de l'histoire aux mains de quelques hommes aveuglés par la noblesse perverse de leurs esprits.