Jumanji : Next Level repose sur une contradiction plutôt réjouissante : introduire deux papys, qu’interprètent Dany DeVito et Danny Glover, pour revigorer un ensemble sinon bien mou et prévisible. Conséquence directe : on s’attache immédiatement à ces deux personnages et aux avatars qui les campent dans le jeu vidéo, c’est-à-dire Dwayne Johnson et Kevin Hart. Leurs mimiques, leurs exagérations, leur incompréhension des enjeux et des codes inhérents à une culture ludique qui n’est pas la leur apportent de la légèreté et surtout participent à la mise en abyme de l’univers fictionnel établi. On rit d’eux et avec eux, on s’attache à eux.
Mais si ce choix relevant de la caractérisation des personnages et de la narration contribue au divertissement et à l’immersion du spectateur, il relègue au second plan les autres protagonistes qui apparaissent aussitôt vides et peu intéressants. Voilà la contradiction : insérer deux personnages subalternes qui, par leur âge et le traitement qui leur est attribué, quittent leur position marginale pour devenir les garants d’une authenticité. Ils portent une histoire, une vie commune ; leur redoublement par des personnages virtuels accentue davantage ce plaisir du jeu et crée du cinéma, un peu.
Car sans eux, Jumanji 2 serait tombé dans le convenu pur sucre : absence de mise en scène et de vision artistique, découpage industriel des plans, agencement artificiel des séquences, effets visuels moyens, musique impersonnelle. Le film se compose d’une succession d’étapes, un patchwork d’emprunts qui ne se relient que par une quête au demeurant bien fumeuse. Mais il y a les papys, et avec eux un plaisir du jeu et du divertissement on ne peut plus contagieux. Alors on se laisse embarquer, une fois encore, au son du tambour.