Sous ses airs de film sportif, Jungleland se sert davantage de la boxe comme de la métaphore du combat mené par des personnages au bas de l’échelle sociale, contraints d’évoluer dans des milieux corrompus et violents à la seule force des poings, pour tenter de s’élever. Aussi Max Winkler réalise-t-il un récit d’apprentissage doublé d’un récit d’affranchissement, la liberté de Lion n’étant possible que par sa séparation d’avec Stanley, protecteur tout autant que pierre attachée au cou qui noie le sportif sous des arnaques et des magouilles dangereuses. Il faudra une rencontre, celle de Sky, pour accélérer le sevrage ; il n’est d’ailleurs pas anodin que son véritable prénom soit Mary, ni qu’elle soit enceinte : symbole religieux de la Vierge Marie, elle symbolise la naissance (ou renaissance) d’un sauvetage, porte en elle une promesse d’avenir dont elle se dit la détentrice – l’enfant est « à elle », il lui appartient.


Le combat en clausule offre ainsi au frère l’occasion d’un ensauvagement : le lion retrouve la jungle et s’affirme tel le roi des animaux, triomphant sur le ring d’un adversaire écrasé par terre, immobile ; il est prêt à rejoindre le ciel, soit celle qu’il aime. La métaphore, aussi pertinente et intelligente soit-elle, n’empêche pas le long métrage de se cantonner à de l’anecdotique, gonflé à terme par une grandiloquence tonale et musicale – Bruce Springsteen débarque, mais pas pour chanter « Jungleland » – qui ne saurait faire oublier la faiblesse d’une mise en scène tantôt esthétisée (au début) tantôt académique (au milieu) tantôt caméra à l’épaule (à la fin), qui recycle des poses sans véritablement signifier à elle seule. Quelques longueurs nuisent au rythme général du film, heureusement rattrapées par la prestation de ses acteurs, tous très bons.


Jungleland constitue donc une petite curiosité, à ne bouder sous aucun prétexte.

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le 8 déc. 2020

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