Au cœur de la communauté tzigane en Hongrie.
Un mystère angoissant plane : au cours des semaines précédentes, plusieurs familles tziganes ont été assassinées. A chaque fois, le même Modus Operandi : La nuit, un fusil de chasse, meurtre de sang froid, à bout portant. Les parents, les enfants, les grands-parents. Aucune pitié. De véritables exécutions.


Benedek Fliegauf a décidé de parler de ces évènements de façon très subjective. Caméra à l'épaule constante, on suit, pas à pas, dans leurs perpétuelles déambulations, une famille. La mère qui a deux boulots, va de l'un à l'autre, récupère des vêtements pour sa famille (don d'une patronne), se fait insulter et malmener par d'autres, ramassent les détritus au bord des routes, puis passe la serpillière dans un gymnase.
La fille, jeune ado discrète, sérieuse, seule. Qui va à l'école, fait du troc (un dessin contre un flacon de vernis à ongle), ne se mêle de rien.
Le fils, sorte de Huckleberry Finn rom. Il sèche l'école, vole à droite à gauche pour rendre plus douillet sa petite planque dans la forêt. Va d'une maison à l'autre pour échanger deux mots, une partie de jeux vidéos, un regard, avec les gens de sa communauté.
Le grand-père, alité, déconnecté, sorte de sage perdu.

Et la menace qui colle à chacun de leurs pas.
La menace de l'autre, la civilisation, la normalité. La menace de ce tueur, ce monstre, la mort.

Scénario prenant, acteurs justes (ce sont de vrais tziganes, qui ont vécu cette histoire), et procédés cinématographiques intéressants.
Seulement... Tout le monde ne sait pas faire tenir une tension juste en suivant ses personnages, une caméra collée à l'épaule, et pratiquement aucun dialogue.
C'est bien beau de filmer des corps de dos qui marchent, des nuques, des peaux au soleil, qui transpirent, des regards sombres... mais Benedek Fliegauf n'arrive pas à aller au-delà. Du coup, ça oscille entre le film d'art contemplatif (à la GVS ?) raté et le documentaire fiction avorté.

Reste qu'il y a des moments où on sent poindre l'intérêt, on sent tout ce que ça aurait pu donner dans les doigts d'un autre réalisateur.
Et la fin a ce petit goût d'angoisse qui tient, mais pas plus que ça.

Benedek Fliegauf a expliqué qu'il n'avait jamais voulu montrer les tueurs, partir de leur point de vue, pour ne pas les humaniser. C'est juste, sauf qu'ils sont tellement peu présents que la menace semble presque fantasmée. Ridicule.

C'est vraiment dommage, ça aurait pu être un superbe film.
Queenie
2
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le 4 juil. 2012

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Queenie

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