Juste la fin du monde nous étouffe du début à la fin. Des plans serrés, de longs moments de silence, des échanges qui nous gênent presque.
La réalisation est extrêmement bien maitrisée, on retrouve le style Dolan dans l'insertion de mini "clips" qui nous rendent heureux - des pauses joyeuses dans cette longue vague de tristesse - ainsi que dans une photographie parfaitement travaillée (mention spéciale à André Turpin) et des gros plans d'objets banals rendus extraordinaires. N'oublions pas la Bande son, qui est très bien choisie (super bon choix de Natural Blues de Moby pour clôturer le film).
Les dialogues sont parfois gênants, le jeu est souvent exagéré (peut-être pour conserver l'aspect théâtral de l'oeuvre ?) mais en résulte paradoxalement une interaction d'acteurs d'une grande finesse (Nathalie Baye est exceptionnelle, Cotillard, surprenante). Louis (Ulliel) et Catherine (Cotillard) n'ont pas besoin de parler pour nous émouvoir : leur relation superficielle et pourtant si profonde se fonde sur un jeu de regards qui se file tout le long du film pour se clôturer sur un accord tacite et silencieux d'une grande émotion.
Un huit-clos qui déborde d'émotions dans lequel nous rentrons immédiatement, une famille à laquelle nous nous attachons. Famille originale mais qui reste finalement comme toutes les autres : amour, pression, passions, non-dits et disputes qui éclatent. Louis nous transmet sa peur, que nous arrivons à comprendre tant elle nous est familière. Je m'identifie tout de suite à lui, comprends cette angoisse de l'aveu qui nous ronge et nous travaille l'esprit sans répit. La relation à la mère est toujours présente, travaillée encore une fois d'une manière différente, toujours aussi fine et émouvante.


Ma critique est désordonnée, va dans tous les sens, justement parce que ce film a réussi à ébranler en moi un tas d'émotions contradictoires qui m'empêchent d'être concis et structuré. Je conclurai seulement en disant que Dolan nous a montré encore une fois qu'il a le don de magnifier les choses simples, de nous émouvoir par des regards, de jouer avec nos émotions sans artifice et de nous procurer ce bonheur simple de la contemplation artistique.

Z1994
10
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le 24 sept. 2016

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Z1994

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