Le drame familiale est la lettre de noblesse du cinéma d'auteur francophone. Ou est-ce le contraire, on ne sait pas. Et je ne savais pas non plu en me rendant hier soir avec des amis voir le nouveau film du génie Dolan. Dolan, tout le monde connait, j'en avais entendu parler, surtout de Mommy, mais je ne m'étais jamais intéressé. Sur l'invitation pressante d'un ami fan du petit canadien, nous nous y rendîmes donc, et j'avais , je ne le cache pas , une certaine appréhension.
En effet, le synopsis grotesque de lieu commun, et plus encore le casting aurait, dans n'importe quelle autre circonstance qu'une invitation, suffit à annihiler l'idée même de donner de l'argent pour aller voir ce film : Marion Cotillard, qui joue La Môme dans chacun de ses films ( et ici ça n'a pas loupé), Léa Seydoux, qui a eu le génie de percer dans le cinéma en montrant son corps et non son talent d'actrice, sans quoi elle jouerait probablement dans Plus belle la vie. Mais je me suis quand même installé dans mon fauteuil avec les meilleures intentions du monde : je comptais Dolan pour gommer mes doutes à son sujet. Et force est de reconnaître qu'il a rencontré dans cette lourde tâche un succès mitigé.
Alors, quels sont les éléments qui posent problème dans ce film ? Tout, puisqu'il n'y a rien. Ce film est comme une maison superbe qui serait bâtie sur des sables mouvants : ses bons côtés ont tendance à s'enfoncer dans le marécage de mièvrerie dans lequel il baigne.
Du déroulement de l'intrigue, évident après 2 minutes d'écrans, aux personnages absolument irréalistes (pourquoi Dolan a-t-il payé l'équivalent du PIB de l'Ouganda afin d'avoir Marion Cotillard dans un rôle où une courge du Pérou aurait pu performer tout aussi bien, peut être mieux que Cotillard elle-même ?) ; de l'inévitable tension homosexuelle du personnage principal à la caméra plus qu’exécrable mais pourtant adulée des réalisateurs trendys français (cette caméra qui colle les visages provoque chez moi l'envie de marcher sur des bébés furets avec des bottes en acier en hurlant du Jul dans les oreilles du caméraman agaçant), tout le film semble être atteint de mélodramite aiguë.
Et pourtant, je suis resté sur le bord de mon siège les yeux rivés sur le film pendant 1h35. C'est à ne rien y comprendre, je le concède. Le film ne m'a jamais touché, mais jamais ennuyé. J'ai détesté Léa Seydoux et son personnage des plus clichés et sans intérêt, j'ai adoré Nathalie Baye en mère dépassée. Je n'ai pas compati un seul instant pour Gaspard Ulliel, bourré de regret et de lâcheté dont on se fout complètement, mais j'ai adoré et surtout compris Vincent Cassel et son personnage qui ne supporte plus sa famille et ses rites grotesques.
Alors que conclure ? Eh bien allez le voir pour vous faire votre propre avis. Juste la fin du monde n'est pas un grand film, peut être un bon film, mais à coup sûr un film intéressant, qui fera parler de lui pendant un moment. Alors Mr Dolan, il va falloir plus que ça pour me convaincre que vous êtes le nouveau grand du cinéma francophone.