Ce qui est incroyable c'est la complexité des personnages et leur incapacité à se parler - Dolan va plus loin en liant les deux personnages de Louis (Gaspard Ulliel) et Catherine (Marion Cotillard) qui ne se connaissent pas en les rendant définitivement plus proche que Louis et le reste de sa propre famille. De plus, Catherine a dû mal à communiquer, bafouille et il n'y a que dans les silences et les regards que Louis et celle-ci arrive à se parler ; à l'inverse des personnages de la mère (Natalie Baye), Antoine (Vincent Cassel) et Suzanne (Léa Seydoux) sont sans cesse dans la parole, comme pour étouffer les silences gênant qu'impose la présence de Louis, ils sont sans cesse dans le reproche, les cris et par se fait n'arrivent pas à s'entendre ni à se parler.
Le silence donc, prend une place considérable dans Juste La Fin Du Monde ; comme dans cette scène incroyable entre Catherine et Louis où un regard dévoile la mort du jeune homme et montre toute la compassion de la jeune femme à son égard.
Oui le temps est long, car Juste La Fin Du Monde casse nos habitudes et ne nous sert rien sur un plateau (absence de repère temporel, presque aucune information sur le personnage de Louis...) ; c'est nous qui avons le choix d'y mettre dessus ce qu'on en déduit, ce que notre imagination veut bien nous raconter; des émotions, des souvenirs qui nous parlent, car avant de nous raconter une histoire, Dolan nous raconte notre histoire ; universelle car elle nous parle de nos souvenirs, de notre hypocrisie, de nos doutes, de notre incapacité à s'écouter, à s'aimer, à se comprendre - notre incapacité à vivre.
Le plus grand drame de cette histoire ne reste pas la mort de Louis elle même mais son incapacité à en faire part à sa famille ; en réalité, la mort arrive avant l'heure ; la mort du temps, des secondes qui s'écoulent et qui le pousse vers la porte de sortie, la mort d'une famille, la mort du langage, la mort de l'écoute.