Je vais voir ? Je vais pas voir ? Face au raz de marée médiatique autour du dernier Dolan, difficile de passer à côté. Il faut dire, après Mommy, logique que le réalisateur canadien de vingt-sept ans attire les foules dans les salles de cinéma. Et plus logique encore qu’il repousse les limites. Autant, j’avais trouvé Mommy très bon sans pour autant être exceptionnel. Autant, ce Juste la Fin du Monde m’a assommé. Dolan reprend le même sujet et va plus loin encore. Et après les déceptions de mes dernières séances cinés, j’avais besoin de voir un film qui se pose, un film sans action, sans explosion, un film vrai. Et que dire… parfait.
Tout le monde a forcément entendu parlé de Juste la Fin du Monde, tous les médias en parlaient, mais je ne pensais pas que je me retrouverai face à un film aussi riche. Que ce soit dans la mise en scène, dans le choix des musiques, dans la lumière, dans le scénario, dans les acteurs, dans l’ambiance, tout est une réussite dans ce film. C’est un véritable crescendo d’émotion qui s’intensifie au fur et à mesure. Et cela, juste avec des gens qui parlent. Juste avec un homme qui retrouve sa famille après douze années, un homme qui a quelque chose sur le cœur, qui doit dire quelque chose, mais qui n’y arrive pas. Tout le long du film, c’est une tension constante, de révélation en révélation, avec un travail minutieux sur les détails, sur les dialogues. Dolan dirige brillamment ses acteurs, il travaille notamment sur les regards, les sourires, il fait des gros plans sur les visages, et c’est constamment juste. C’est constamment bien cadré avec une lumière magnifique et des dialogues pertinents.
Et puis les acteurs… C’est sensationnel. Les regards de Gaspard Ulliel, les crises de Vincent Cassel, les hésitations de Marion Cotillard, l’excentricité de Natalie Baye ou la justesse de Léa Seydoux. Cinq acteurs et ils sont tous dans leur personnage. En fait, Juste la Fin du Monde, c’est un film, où ce n’est que des discussions entre deux personnages. A chaque fois, le personnage principal va vers une personne, vers une autre. Et ça se joue en acte puisque c’est inspiré d’une pièce de théâtre. Un personnage, un acte. Et à chaque acte, on sent la tentions monter, les révélations implicites sont amenées, les acteurs s’investissent de plus en plus. Et au bout des trois quarts du film, j’étais tellement à fond, tellement habité par ce film. C’était tellement intense !
Et la fin… juste parfaite. Je vais rien dire pour pas spoiler, mais cette fin est parfaite. C’est dans cette scène finale, où je me suis rendu compte de l’étendu du génie de Dolan. Avant, Dolan pour moi, c’était une mode. C’était le gars adulé et détesté qui finirait par partir au bout d’un moment. Un gars dont on entendra plus parler d’ici dix ans. Mais depuis que j’ai vu ce film, je ne le pense plus. Je pense que Dolan deviendra une icône du cinéma de notre génération. Et je trouve ça bien, parce que je préfère un gars qui prend des risques, qui travaille sa mise en scène, plutôt qu’un employé de studio qui se contente de faire des explosions et foutre des morts pour dramatiser son film. C’est décider, j’irai toujours voir un film de Dolan au cinéma. Parce que ce que fait Dolan, ça, c’est du cinéma.