Partir c’est mourir un peu et revenir c’est finir le boulot. Louis a résisté longtemps, mais sous couvert de la maladie, il se décide à faire son retour et ses adieux au village.
C’est l’histoire d’une famille. C’est l’histoire de la Famille. C’est l’histoire de celui qui part. C’est une histoire de mécanique. Car mécanique il y a. Celle de la famille au jour le jour. Revenir c’est mettre un clou dans les rouages de ce quotidien qui s'habitue plus aisément à l'absence qu'au retour.
Les retrouvailles ne durent jamais longtemps, on le sais, et tout part vite en vrille. Une petite soeur idolâtre un frère qu’elle n’a jamais eu le temps de connaitre, pendant qu’un grand frère rumine sa rancœur contre celui qu’il pense être parti par mépris de sa classe, et qu’une mère tente d’ignorer tout ça en brassant de l’air pour donner un sens à des retrouvailles qu’elle sait déjà foutues.
Cette mère si chère à Xavier Dolan, bien aux commandes. L’empreinte est esthétique et musicale. On peut lui en vouloir parce qu’il est de bon ton d’écorcher ce jeune premier avec ses maladresses ou son orgueil. Mais au delà de ce qu’on peut et/ ou doit reprocher, avouons que cela fonctionne. Alors mieux vaut se laisser aller et profiter de ce huit-clos. Car c’est ce qu’on demande au cinema, une ambiance et la possibilité d'une projection. En l'espèce, on se projette, souvent contre un mur.
Et ambiance il y a. On étouffe, on rit, on nostalgise, on s’énerve contre les mots qui peinent à venir, et on a peur en même temps de leur portée.
Alors, c’est l’histoire d’une famille qui ne se comprend pas, qui communique peu, qui crie beaucoup. Une famille qui s’aime mais qui ne le saura jamais. Une famille dont nous faisons tous, malgré nous, partie.