Oui, je suis enfin allée voir ce film. Je savais par beaucoup de critiques, que j'allais surement aimer ce film. Avec crainte je me suis mise à oublier, oublier la salle, oublier les gens jusqu'à m'oublier totalement. Quand nous ne sommes plus que des paires de yeux dans une salle sombre, alors nous sommes spectateurs. Les publicités passent, nous changeons d'émotions, mais notre esprit semble penser avec angoisse à l'arrivé du film tant attendu.
Enfin, l'écran s'allonge, les lumières s'éteignent , silence.
Ce qui m'a subjugué ce n'est pas l'incroyable charisme des personnages, mais cette fragilité au début, dans ce quasi huit clos où règne une certaine animosité sans pouvoir l'expliquer. Fragilité, comme ci les acteurs avaient du mal à ce mettre dans l'histoire, Ingéniosité! Nous, spectateurs, nous nous efforçons alors de comprendre l'intrigue, comme des amants nous buvons les paroles des comédiens. Alors cette intensité se tient alors grâce à un pacte, celui de nos yeux, de nos oreilles avec les images qui défilent.
Alors, Gaspard Ulliel nous regarde, profondément, dans la pénombre, et il me semble que c'est à ce moment précis que j'ai éclaté en sanglot. Pourquoi me sentais je proche d'un personnage dont je n'aie aucun traits , caractères similaires? Pourquoi cette famille peu commune nous plonge dans notre propre enfance? J'eu cette impression de voyager dans le passé de ma famille sans même savoir, il y a avait une cicatrice au fond de moi dont j'ignorais même la réelle teneur.
Xavier Dolan paraît être une sorte de Gourou, qui réussit à extraire en nous, la petite faille. Comme un chaman, nous sommes enivrés par la Ayhuasca, recrachant nos démons.
Je me prends à réfléchir sur ma vie, mes frères, ma famille, oubliant les dialogues, je prends la place de Lea Seydoux qui perdue dans une nostalgie qui ne lui appartient pas, est témoin, victime. Il est éprouvant de voir ce film car tout est mis en scène pour nous étouffer, nous sentir claustrophobe , et avoir une peur, crainte d'un déchirement et curiosité de découvrir... Nous attendons un éclatement, est il réellement apparu?
Enfin, le générique déroule, la toile est blanche, je me lève et découvre que je suis seule, perdue dans mes pensées, sanglotant, j'avais perdu la notion du temps. Xavier Dolan si jeune est alors le plus humain des hommes, il a compris les sentiments, les failles et les peurs. Jean-Luc Lagarce disait
"La plaisanterie, c'est ainsi que j'appelle parfois ma jeunesse, la plaisanterie devait se terminer."
Je comprends à présent la teneur de ces mots.