Juste la fin du monde est le dernier film de Xavier Dolan , sortit le 21 septembre 2016 , et est l'adaptation de la pièce de théâtre du même nom de Jean - Luc Lagarce. Considéré par certains comme un génie , par d'autres comme une arnaque , il est inutile de présenter Dolan et de préciser à quel point il déchaîne les passions. Qu'en est - il vraiment du vainqueur du grand prix au Festival de Cannes ?
Louis est un jeune auteur qui revient voir sa famille après 12 ans d'absence pour leur annoncer une terrible nouvelle : il va mourir ...
Dolan accumule les surnoms , les opinions les plus diverses , les débats les plus acharnés mais est - ce par rapport à ce qu'il filme ou ce qu'il veut raconter ? En tout cas , rarement un huis clos m'aura autant tenu en tension permanente et rarement aussi captivé. Il faut dire , Dolan sait y faire : le décor a une véritable importance , le rythme est purement hallucinant tant il apparaît lancinant pour finir sur une montée de tension et un rythme haletant comme on l'a rarement vu au cinéma. Le film étouffe , captive , ne laisse pas le temps de se remettre. Avec une certaine désinvolture , les idées s'enchaînent , toutes plus réfléchies les unes que les autres. L'ambiance musicale est incroyable et la sélection musicale est diablement efficace. Bref , rien à reprocher à Dolan quand il filme.
Quand il essaie de nous raconter quelque chose , c'est tout de suite plus superficiel et maladroit. L'ambition l'a peut - être rattrapé. Ou bien s'est - il perdu un moment en route ? Quoi qu'il en soit , le film montre ses principales faiblesses dans ce domaine. Le film prend des risques à chaque instant , la plupart du temps ils se révèlent payants , mais la fougue de l'âge nous affuble d'erreurs qu'on pardonnera volontiers ( j'espère ). Le film par exemple , joue la carte du mystère jusqu'au bout , alors pourquoi en révéler à ce point sur Louis dans ce flashback maladroit , cliché et qui n'est là que parce que cela tenait à coeur à Dolan. Le film se grille encore une fois avec les petits détails qui sont censés nous évoquer des choses et nous faire comprendre de manière plus explicite les relations dans la famille
( la marque sur le cou de Suzanne , les marques sur les mains d' Antoine )
mais cela provoque plus d'incompréhensions qu'autre chose : personne ne remarque ça ? Personne n'en parle alors que les secrets de famille sont révélés au fur et à mesure ? Cela part pourtant d'une bonne idée mais cela reste un peu trop grossier et voyant. La fin botte en touche et nous laisse nous mêmes faire notre propre sauce : maladresse ou fainéantise ? Le film reste au final prenant , passionnant et extrêmement bien écrit le reste du temps.
Le casting provoquait des attentes à lui tout seul en regroupant les acteurs français les plus bankables et talentueux actuellement :
- Gaspard Ulliel nous offre une prestation admirable et qui en est pour beaucoup dans la réussite du film
- Vincent Cassel offre une prestation énergique et en tension permanente
- Marion Cotillard fait tâche tant elle ne semble jamais à donner vie à son personnage et exaspère plus qu'autre chose
- Léa Seydoux s'en sort plus que bien ( ça étonnera des gens mais bon ... )
- Nathalie Baye est complément transportée par son personnage et sa performance relève du coup de génie.
Un film culotté , qui prend des risques , excelle , échoue parfois mais montre comme jamais la puissance émotionnel que peut provoquer un film. Est - il un génie , ce Dolan ? Nous le saurons dans 10 ou 20 ans...