• J'y étais préparée, enfin, je crois. J'ai vu tous les films de Xavier Dolan, et je les aime tous, certains plus que d'autres mais j'éprouve pour cette homme de 11 ans de plus que moi une fascination assez énorme. Je suis allée voir Juste la fin du monde en ayant vu interviews, conférences de presse mais surtout en m'attendant à quelque chose de neuf, de différent des autres films de Dolan. J'y ai découvert, et ce, dès les premières minutes du film - qui est relativement court : 1h35 de la part de l'homme qui avait fait Laurence Anyways et ses 3h de film - une pépite.

  • Dans cette pépite, j'ai redécouvert 5 fabuleux acteurs que je connaissais tous. Vincent Cassel, mon Georgio de Mon Roi, mais surtout mon Vinz de La Haine, Marion Cottillard ou la môme Marion, Léa Seydoux l'amoureuse transie aux cheveux bleus de La Vie d'Adèle, Gaspard Ulliel découvert dans Saint Laurent de Bonnello et enfin Nathalie Baye dont la carrière confirmée est ancrée dans la conscience, mais qui avait déjà travaillé avec Dolan pour Laurence Anyways. Voilà donc ce que les magazines appellent un "casting 5 étoiles". Et bien l'expression est un euphémisme. Ils sont tous plus excellents les uns que les autres : Ulliel presque muet mais dont le regard en dit si long, Baye dans son rôle extravagant de mère hystéro, Cassel en type paumé incapable de communiquer, Seydoux en post-ado absolument divine et enfin Cotillard dont la prestation est vraiment particulière : comment peut-on réussir à transmettre autant de naturel, dans ces bégaiements, dans ces mimiques et dans ces regards qui prouvent qu'elle comprend ?

  • Avoir une patte de réalisateur à 27 ans (et demi) est quelque chose de fabuleux : ici, certains codes, certains plans (notamment la traversée du village en taxi au début du film, où Louis se sent dévisagé est semblable à celle de Laurence Alia dans Laurence Anyways, ainsi que le plan sur un meuble qu'on dépoussière comme dans Mommy) font penser aux précédents films de Xavier Dolan, mais celui-ci est particulier. Il est plus littéraire, plus tendu, plus lacrymal, plus violent sûrement. Il est, fondamentalement, plus abouti : la lumière est absolument délicieuse (la dernière scène et les plans sur Antoine sont fabuleux), la bande-originale est aussi éclectique (de Moby à Blink 182 en passant par Camille au générique et une reprise de Françoise Hardy) que dans ses autres films et toujours intradigiétique. Mention spéciale à la scène sur Dragostea Din Tei d'O-Zone, semblable à celle sur Céline Dion dans Mommy, qui est tout simplement sublime et qui m'a émue à un point que je ne pensais pas atteignable.

  • L'adaptation d'une pièce de théâtre est toujours compliquée : tout garder ? adapter les dialogues ? supprimer les monologues ? mais Dolan nous livre ici la parfaite conjugaison entre un texte prédéfini et une interprétation personnelle et même intime (chaque personne regardant le film pensera à sa propre famille et à ses rapports). Le film est donc maîtrisé sur tous les points, et procure une émotion telle que j'en ai pleuré, tremblé, et qui fait de Juste la fin du monde un film dont je me souviendrai.



Je sais bien que notre duo a quelques défauts horizontaux et verticaux.


CFournier
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le 13 sept. 2016

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Coline Fournier

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