C’est l’histoire, semble-t-il, de Louis, qui rentre voir sa famille après 12 ans d’absence. C’est l’histoire, semble-t-il, d’une mère qui voit son fils rentrer à la maison, d’une soeur qui rencontre son frère et de deux frères qui se retrouvent comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. En surface, il semblerait que ce soit l’histoire que Xavier Dolan nous raconte. Doit-on en rester là?
Louis (Gaspard Ulliel) est un personnage tourmenté, en sursis. Louis va mourir, il doit l’annoncer à sa famille. C’est le but de son retour. Sa famille l’ignore. C’est l’immersion au sein d’une famille banale, presque clichée, dans laquelle Dolan nous glisse sous les yeux de Louis, fils ainé. C’est le dimanche en famille poussé à son paroxysme. Les extrêmes se rejoignent et le plan éclate. Louis, ravivé d’émotions et de souvenirs d’enfance ouvre une véritable boite de pandore en rentrant chez lui. Le reste de sa famille, elle, éclate au contact du fils prodige à l’air supérieur selon le frère et sa femme. (Vincent Cassel, Marion Cotillard). La mère (Nathalie Baye) apparait plus naïve qu’elle ne l’est. La soeur, la cadette (Léa Seydoux) admirative du frère, héros qui est parvenu à fuir cette vie pour une autre a priori meilleure.
La véritable question est celle du temps. Une journée? Plus? Moins? Tant de questions qui nous entourent et auxquelles personne ne peut répondre. Xavier Dolan a su mener d’un bout à l’autre une pièce de théâtre écrite sans didascalie aucune, un grand mérite et un travail de longue haleine. On n’imagine plus les scènes sans les lieux qu’il a créé autour. Majestueux. Un film qui fait l’effet d’une longue scène continue, inachevée. C’est long. Cette longueur nécessaire et incompréhensible jusqu’à la fin nous intrigue et nous questionne jusqu’au bout. Comme à son habitude, une bande originale singulière et des découvertes incroyables. Un jeu de lumière ravissant et parfaitement adapté. Un taux métaphorique acceptable et une gêne ambiante qui s’évapore au fil du temps. Juste la fin du monde. En deux mot. Une claque.
(on se demande quand même tout le film durant si on ne ferait pas mieux de les laisser gérer leurs problèmes en privé. On se sent de trop.)