J'étais réticente au visionnage de cette Justice League. Pouquoi? Parce que j'ai plus ou moins détesté Man of Steel et j'ai eu de gros problèmes avec Batmant V Superman (dont il faut que je vois l'extended cut pour me faire une idée juste).
Du coup (et attention je vais spoiler les films précédents), j'étais peu attirée par ce groupement dont seul Wonder Woman m'avait fait bonne impression.
Je ne parle même pas du Suicide Squad que j'ai zappé complètement de l'équation tant il semble déconnecté du DCU.
Hé bien, j'ai trouvé cette ligue très bien. C'est un distrayant film de super héros, très correctement exécuté avec ses moments drôles et ses moments sérieux, bien équilibré.
Contre toute attente, je me suis éclatée.
Il a malheureusement eu à surmonter de gros handicaps qui font qu'il n'est pas aussi bon qu'il aurait pu l'être.
Il paye, en premier lieu, la précipitation des producteurs qui veulent absolument rattraper le MCU. Justice League n'est que le 4ème film de sa saga (je laisse vraiment SSq de côté). On a à peine rencontré Superman (et il est déjà mort), pareil pour Batman qui s'en tire un peu mieux parce qu'il est plus proche de ses itérations précédentes (en tout cas, je trouve), on a vu Wonder Woman dans son propre film certes mais en 14-18 uniquement, ça fait 100 ans de trou et d'évolution perdue. Elle est d'ailleurs ici réduite à pleurer la mort de Steve Trevor survenue en 1918. D'une part c'est très réducteur "la femme triste d'avoir perdu son mec", d'autre part ils ont passé quelques mois ensemble, une seule nuit en plein champ de bataille et c'est sa justification pour avoir ignoré le IIIème Reich, la Shoah, le régime Stalinien, les Kmers et j'en passe! (très très moyen!). On en saura j'espère plus dans son prochain film (dont les photos promotionnelles montrent Chris Pine!)
Du coup, les relations entre les 3 piliers semblent bien fragiles puisqu'elles ne reposent que sur BvS qui ouvre la boîte de pandore des problèmes de narration. Trop, beaucoup trop d'un coup.
On retrouve donc ici un Bruce très marqué par la mort de Superman comme le reste du monde. Et premier problème, pourquoi? Dans l'opus précédent, le monde en était venu à haïr l'homme d'acier et Batman avait passé les 4/5ème du film à vouloir le tuer. Alors certes, ils se sont réconciliés face à un ennemi commun (et grâce à leurs mères respectives) mais le chagrin (plus que la culpabilité) de Wayne semble trop poussé. Et la volonté de remettre Clark Kent au centre de son histoire en en faisant un symbole d'humanité retrouvée pour Wayne jure avec Man of Steel qui n'a absolument pas traité CK. Ils ne se connaissent pas, on ne peut pas nous jouer la bromance maintenant.
Wonder Woman se la joue super proche de Superman en l'appelant Kal El alors qu'ils ont échangé 3 phrases. Il manque très clairement un film. BvS aurait dû avoir 2 parties, lui.
Par contre, l'arrivée successive des petits nouveaux fonctionne bien. On a pas besoin d'un film de présentation pour chacun, ils prennent le train en marche, se définissent dans les grandes lignes et ouvrent l'appétit pour leur films solo.
Flash est jeune, vif et drôle. Ezra Miller lui rend justice et le rend très attachant.
Cyborg a un destin tragique et peut ouvrir sur un film plus sombre, cher au DCU.
Aquaman est celui qui est le moins bien servi mais cela s'explique par une mythologie qui nécessite un peu d'explication. Jason Momoa est parfait aussi bien dans la nonchalance que dans la physicalité (il est canon, ça compte).
Henry Cavill est de retour en Superman (formidable spoiler dès l'ouverture du film avec Cavill au générique juste derrière Ben Affleck, même pas en fin, histoire de faire croire à un cameo. Maintenez l'illusion que diable!). Il est plus détendu bizarrement comme si la mort de son personnage l'avait rendu moins pesant. Il sourit! Pour de vrai et est enfin l'être plus chaleureux qu'il devrait être, en particulier vis à vis de Flash.
Ben Affleck reprend son vieux Batman avec la même aisance et si le personnage patauge allègrement dans la semoule, lui tient bien la route et laisse augurer d'un bon film solo. Il est intéressant, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps.
Côté scénario et réalisation ça se gâte, mais ce n'est toujours pas la faute du film.
Zack Snyder avait prévu un film en 2 parties (forcément avec le manque d'opus pour installer ses personnages et son univers, il fallait faire une pose), 2 parties donc, tournées dans son ambiance bleu et dépressive habituelle avec auto-flagellation et sombritude puissance 1000. Au niveau du scénario, ça se sent car l'intrigue est vraiment simple. Etaient prévus sans l'ombre d'un doute un premier acte d'exposition avec un boss de fin de niveau et un second acte d'approfondissement avec un super boss de fin de jeu (manifestement Darkseid, nommé une fois dans le film).
Malheureusement, Zack Snyder a dû abandonner le tournage pour des raisons personnelles tragiques et la prod a appelé à la rescousse Joss Whedon, le papa de la très bonne phase 1 du MCU!
On pourra tourner le problème en tous sens, Snyder et Whedon c'est pas la même chose. Certes Whedon n'est qu'un docteur ici, le film est toujours crédité à Snyder mais le premier a manifestement dû élaguer un scénario trop touffu, s'est vu confirmer un seul film et demandé une ambiance plus légère sans tomber dans les travers récents du MCU.
Ce qui donne un hybride, pas inintéressant entre le squelette noir de Snyder entouré de la chair bronzée et lumineuse de Whedon.
Whedon conserve la pâte DCU qui offre des intrigues plus introspectives et lui applique un makeover fait de blagues judicieusement positionnées et une joie des personnages à travailler ensemble (oui même Batman est content à la fin d'avoir des potes).
Côté enchainements logiques, on a quelques trous et raccourcis pardonnables mais la pire invraisemblance se situe lors de la scène entre Arthur Curry et Bruce Wayne venu interrogé le village sur leur bienfaiteur. Ils ont fait une fresque géante dans le pub détaillant Aquaman et les poissons et tout! Bonjour le secret.
Grace à ce rafistolage (qui se sent vraiment tout de même), les personnages du DCU, sans perdre leur identité gagnent en humanité. On enfin content de les voir et on ne sort pas du film en ayant envie de se tirer une balle.
Un nouveau souffle qui ne perdurera peut être pas, mais ce serait dommage, cette nouvelle vision du DCU me plait beaucoup.