Si c'est ça la stratégie du DCEU, changer complètement de cap en fonction des retours sur les films précédents, alors même qu'ils remettent aux manettes le réalisateur de ces films, mieux vaut que le DCEU meure.
Je n'ai pas eu l'impression de voir un film, juste les conséquences désastreuses d'une réunion entre les membres de l'équipe marketing de la Warner :
"Alors ouais, la scène d'action là, elle est sympa. Mais si on pouvait caser une blague sur fond vert juste...làààà, voilà, pendant le combat. Parfait. Oh, et aussi, Aquaman qui boit du whisky avant de plonger c'est badass. Mais ce serait pas plus badass avec 20 secondes d'une musique des White Stripes? Ouais, ça fait con dit comme ça, mais ça s'intégrera super bien à ton film, Zack, tu verras !"
Eh ben non, le cinéma ne marche pas comme ça.
Alors je ne dis pas que "Justice League" aurait été un bon film si Snyder avait eu carte blanche, surtout qu'on connaît tous les difficultés personnelles que le bonhomme a connues pendant la gestation du projet.
Mais force est de constater que les 45 premières minutes sont plus qu'honnêtes, et qu'on peut difficilement y voir autre chose que ce à quoi le film aurait du ressembler, de base.
L'ambiance assez sombre de "Batman V Superman" est encore présente, le combat avec les amazones est très graphique et léché, la narration est assez habile pour intégrer avec un certain succès les nouveaux personnages.
Et puis, soudainement, le laid remplace le gothique, l'humour forcé et gênant de Flash et d'Aquaman remplace les piques gentillettes d'Alfred, les dialogues pseudo-philosophiques et gnans gnans de Wonder-Woman remplacent le charisme du personnage au début du long-métrage...
C'est un naufrage, un vrai.
Les scènes d'action sont illisibles, montées de manière aléatoire. Les fonds verts sont tellement visibles qu'on se surprend à se demander à quel moment on va devoir reprendre la manette pour réaliser une action contextuelle. Le méchant est laid, putain, mais quelle horreur.
Le combat final se fait sous des nuances de rose et de mauve à faire rougir "Batman et Robin" de Schumacher, la scène de la résurrection de Superman est d'une tristesse indescriptible...
C'est pas juste mauvais, c'est misérable. D'ailleurs, les acteurs ne s'y trompent pas. On peut voir l'âme d'Amy Adams et de Henry Cavill se faire lentement aspirer au fur et à mesure que l'histoire avance, et qu'ils déclament des niaiseries creuses au milieu d'un champ de maïs, avec une armée de violons pour souligner la non-émotion ressentie. Tout le monde est gêné, les acteurs comme le public, et tout le monde a hâte que le supplice s'arrête.
A ce niveau de nullité objective, on passe même sur les incohérences du script (Superman regretté par l'humanité alors que dans le film précédent, tout le monde le voyait comme un dangereux extraterrestre destructeur, Batman qui ne reconnaît pas Aquaman alors qu'il a sa photo...).
Je ne fais pas là la critique de "Justice League", car ce n'est pas un film. Je critique ce qui est derrière.
Vous voyez votre stratégie de la rentabilité à tout prix, les gars? Pas de bol, ça marche pas, votre film est une daube. Vous avez étouffé les parti-pris osés des films précédents, vous avez intégré à la pelleteuse votre humour de cour de récré et vos effets numériques torchés à la chaîne, et personne ne s'y trompe.
Si c'était le baroud d'honneur du DCEU, laissez le mourir. Laissez la place à de vrais artistes qui, comme Tim Burton ou Christopher Nolan, sauront s'approprier ces personnages de manière personnelle et en faire quelque chose d'intéressant.