Petit vigilante movie à la sauce seventies qui baigne dans une ultra violence typique de son époque. Manichéen, Walking Tall l'est jusqu'au bout des ongles avec ses gentils aux principes scellés dans du béton armé et ses méchants bien dégueulasses auxquels on souhaite une mort lente et douloureuse. En réponse à cette envie qui s'installe après 20 minutes à peine de film, Phil Karlson répond sans tarder par un premier affrontement sec et sans concession où on les désaccords se règlent à coup de bâton bien massif.
Walking Tall c'est un peu la synthèse de ce que le cinéma des années 70 proposait sans état d'âme. A savoir des scènes ultra violentes qui ne s’embarrassent jamais d'une quelconque bienséance. Apportées à l'écran par un script qui se contente d'aller à l'essentiel, elles ne sont pour autant pas vraiment gratuites et s'inscrivent dans une logique d'auto justice qui donne la pêche. Dans le cas de Walking Tall, la présence dans le staff technique du shériff dont est inspirée cette histoire lui permet de revêtir un côté presque mystique. Peu importe où est la frontière entre fantasme d'un cinéaste nerveux et réalité travestie par les mémoires d'un homme qui a tout d'un sacré dur à cuire, l'essentiel est que cette volonté de transposer à l'écran une histoire, presque heroïque, d'un caractère au fort tempérament, qui ira jusqu'à se dresser seul contre le crime sévissant dans son bled natal, fonctionne terriblement.
C'est en grande partie grâce à la performance sans retenue que propose Joe Don Baker. Aidé dans sa démarche par un physique assez monstrueux, quand on le voit déambuler avec son bâton d'enfance version adulte, c'est à dire 10 fois plus épais que celui qu'on se taillait péniblement à coup d'opinel lors de nos sorties en forêt, on sourit autant qu'on serre les dents quand il s'en sert pour briser des crânes. Mais plus que son efficacité au combat, c'est bien le côté vertueux du personnage qui donne à Walking tall des airs de fables urbaines qui font le spectacle. L'empathie avec le personnage est immédiate, quand ce dernier morfle, on souffre avec lui, quand il triomphe, on sourit, et c'est bien là la marque de ce cinéma expressif qui savait nous mettre dans sa poche en quelques tours de bobine.
Et puis, pour ne rien gâcher, on retrouve dans Walking Tall ce côté très incisif des derniers actes brutaux. L'ultime quart d'heure du film est bien sombre et remet en question toute la quête d'auto-justice qui a animé jusque là notre shérif impitoyable. Une pirouette osée qui met à terre autant qu'elle emporte. So seventies en somme