"Banzaïïï !"
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Retour au milieu des années 80 lorsque Luc Besson (Coscénariste du film) offre à son assistant réalisateur Didier Grousset l'occasion de faire son premier long métrage. Un film au concept bien barré, mélange branlant de science fiction, de thriller avec une pincée d'horreur et de drame social. Car Kamikaze nous raconte rien de moins que l'histoire d'un tueur en série qui flingue ses victimes à travers l'écran de sa télévision.
Kamikaze c'est donc l'histoire d'un brave type prénommé Albert qui se fait virer de son boulot de chercheur et scientifique après 30 ans de boulot, en même temps sa plus grosse réussite semble d'avoir inventé un décapsuleur magnétique à bibines. Albert se retrouve donc chez lui entre déprime, rancune et misanthropie à regarder la télévision en boucle avec dégoût. Il lui vient alors l'idée d'exprimer à la fois son génie et sa folie en inventant une machine pour flinguer celles et ceux qui passent en direct à la télévision, avec une certaine prédilection pour les speakerines.
Kamikaze est un film dont il convient de saluer une certaine audace de par son sujet déjà mais également pour son traitement relativement sombre et désespéré. Même si tout est loin d'être parfait Didier Grousset tente de nous embarquer dans un pur thriller au premier degré avec une course contre la montre engagée entre ce tueur anonyme et un flic pugnace, le tout sous la pression de la sphère politique. Albert est interprété par Michel Galabru qui incarne avec un évident plaisir une sorte de monstre ordinaire de haine et de frustrations, un type complétement désagréable, râleur, fort en gueule et insupportable (un bon français en somme) devenu incapable de la moindre marque d'affection et encore moins de gentillesse y compris pour ses proches. Voir l'acteur s'apprêter à dézinguer de la gourdasse cathodique en ronchonnant entre deux gorgée de bière est un spectacle il faut l'avouer assez savoureux. De l'autre côté de la loi se trouve Romain , un flic intègre et déterminé interprété par Richard Bohringer avec à ses côtés la rigide et impeccable Dominique Lavanant en secrétaire d'état en tailleur. Malheureusement l'enquête et l'aspect thriller ne seront pas pleinement convaincant car même si l'intrigue tient la route et reste crédible de bout en bout (une bonne surprise étant donné le sujet) le film manque de tension et de frisson. On aura donc un peu la sensation que tout va parfois un poil trop vite sans prendre le temps d'installer un véritable crescendo dans le suspens et l'affrontement psychologique entre les deux protagonistes. L'histoire principale est également légèrement parasitée par des sous intrigue bien trop fades comme cette pseudo idylle naissante entre le flic et cette fonctionnaire d'état ou les relations entre ce même flic et sa fille (interprétée fort logiquement par la toute jeune Romane Bohringer). Kamikaze est plutôt pêchu dans sa mise en scène au tempo d'une bande son rythmée par les lignes de basse de Eric serra et pour ne rien gâcher le film est assez sanglant dans la représentation des différents meurtres.
Et puis mine de rien Kamikaze semble anticiper l'ère magnifique des haineux anonymes qui certes et heureusement n'ont pas le moyen de flinguer physiquement leurs cibles mais qui dans le confort tranquille de leur intimité s'amuse à exprimer toute leurs frustrations et leurs rancœurs en dégommant de mots acerbes et assassins tout ce qui ne cadre pas avec leur vision du monde. Albert apparait d'un coup comme le grand père de tous ces spécialistes de cette haine ordinaire déverser à longueur de commentaires sur le net et à la moindre occasion. Heureusement trop stupides pour inventer une machine de science fiction , ils se contentent d'insulter, vomira, menacer et étaler leur bien sinistre poison à longueur de temps. Mais au delà encore Kamikaze dresse un constat alarmant des désespérés qui finissent par se nourrir de leurs propre désarroi pour en faire une haine tenace et jalouse de l'autre.
Kamikaze reste un film assez atypique dans le paysage hexagonale et une véritable réussite à mettre au crédit de Didier Grousset et Luc Besson. Et si il vous venez l'envie de faire disparaître quelques sinistres imbéciles et magnifiques cruches de votre petit écran, sachez que le bouton On/Off reste la plus redoutable des armes.
Créée
le 23 avr. 2022
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