Le film à segments est peut-être de tous l'exercice cinématographique le plus délicat. Même avec un fil rouge (souvent ténu), il y a ce risque constant (et hélas souvent vérifié) de l'ennui ou de la frustration au bout d'un certain temps. Kaos ne déroge malheureusement pas à la règle, et ce n'est pas le talent dramatique de Pirandello (dont les nouvelles ont inspiré le film) qui parviendra à changer quelque chose. À nouveau, les Taviani s'imposent comme les grands paysagistes de l'Italie rurale et historique, mais comme pour la Nuit de San Lorenzo, on ne parvient (faute de temps) à s'attacher réellement à aucun des personnages. Et si on ne peut rien reprocher à la réalisation des Taviani, on peut toutefois regretter la manière un peu laborieuse dont les segments (individuellement bons) s'enchaînent, avant de se conclure par une rencontre entre Pirandello et le fantôme de sa mère, séquence qui aurait pu être sublime mais touche trop à l'intellectualisme et à la connaissance approfondie de l'auteur pour que le public plus large et moins connaisseur (dont je fais partie) se sente en relation avec le film. Pirandello était un brillant auteur mais difficilement transposable au cinéma, tant les mots sont sa force alors que les Taviani brillent par l'image. À l'instar des histoires du film, Kaos n'est qu'une rencontre manquée entre différents êtres, à savoir un auteur, des réalisateur et des spectateurs.
Cinemaniaque
6
Écrit par

Créée

le 21 oct. 2012

Critique lue 588 fois

Cinemaniaque

Écrit par

Critique lue 588 fois

D'autres avis sur Kaos

Kaos
EricDebarnot
8

Critique de Kaos par Eric BBYoda

"Kaos" n'est sans doute pas le film le plus réputé des Frères Taviani, mais se révèle pourtant une fresque sicilienne superbe, régulièrement enthousiasmante... Voici en effet une galerie mémorable de...

le 25 août 2015

2 j'aime

Kaos
Cinemaniaque
6

Critique de Kaos par Cinemaniaque

Le film à segments est peut-être de tous l'exercice cinématographique le plus délicat. Même avec un fil rouge (souvent ténu), il y a ce risque constant (et hélas souvent vérifié) de l'ennui ou de la...

le 21 oct. 2012

Du même critique

Frankenweenie
Cinemaniaque
8

Critique de Frankenweenie par Cinemaniaque

Je l'avoue volontiers, depuis 2005, je n'ai pas été le dernier à uriner sur le cadavre de plus en plus pourrissant du défunt génie de Tim Burton. Il faut dire qu'avec ses derniers films (surtout...

le 21 oct. 2012

53 j'aime

2

Hiroshima mon amour
Cinemaniaque
4

Critique de Hiroshima mon amour par Cinemaniaque

Difficile d'être juste avec ce film : il faudrait pour pouvoir l'apprécier être dans le contexte socio-culturel de sa sortie, ce qui est impossible à reproduire aujourd'hui. Je distingue relativement...

le 4 juin 2011

52 j'aime

1

American Idiot
Cinemaniaque
7

Critique de American Idiot par Cinemaniaque

Il est amusant de voir comment, aujourd'hui, cet album est renié par toute une génération (et pas seulement sur SC)... À qui la faute ? À un refus de la génération née début 90 de revendiquer les...

le 14 janv. 2012

50 j'aime

3