Key of Life
6.9
Key of Life

Film de Kenji Uchida (2012)

Key of life ou la rencontre improbable d'un hitman méticuleux, d'un acteur manqué qui peine à se suicider et d'une femme d'affaire au pragmatisme délirant, à l'occasion d'une parabole sociale illustrant la solitude et l'envie de s'ouvrir aux autres. Très finement amené, le film de Kenji Uchida se joue des genres pour illustrer un propos maussade sans jamais le rendre dépressif, bien au contraire. Car dans son film, c'est bel et bien les codes de la comédie intelligente qui prennent les devants, quitte à détourner allègrement les yakuza movie mais aussi les comédies sentimentales convenues, pour accoucher d'une proposition originale, divertissante et touchante à sa façon.

On est en présence d'une jolie surprise, dont les deux heures filent à vive allure. On rit souvent, mais Kenji Uchida ne manque pas de lancer, entre deux résolutions burlesques de quiproquos malins, des pistes de réflexions que l'on garde en tête après la séance. Entre réflexion sur l'ambition, les pressions sociales et l'envie de se fondre dans la normalité, Key of life ne manque pas de fond sans oublier toutefois son fond de commerce, à savoir le rire. C’est là toute la subtilité du film, de passer son message sans en avoir l’air, en le travestissant par l’absurde au moyen d’une narration maline.

A cette écriture futée se joint un sens de la mise en scène surprenant, très créatif, à l'origine de moments visuels qui s'impriment sur nos rétines non sans nous laisser un joli sentiment d’admiration. Comment ne pas se rappeler de cette chute en mode Red Bull provoquée par un savon égaré en plein bains collectifs. La scène, surréelle, est la première à nous avertir du ton presque absurde qui régnera dans les images d’un auteur plein d’idées. L’avertissement est intégré avec le sourire, même s’il est quelque peu mêlé d’une appréhension. Gare à ne pas trop en faire.

Conscient du risque, Kenji Uchida trouve dans la suite de son film l’équilibre parfait entre une petite dose de sérieux nécessaire et un volontarisme décomplexé à faire rire. La recette fonctionne, on passe de l’émotion d’une scène de deuil qui, par un habile placement de caméra, joue le jeu de l’émotion pour, dans le même temps, faire basculer le film dans son dernier acte. Sous ses airs de ne pas y toucher, Key of life déroule alors sa dernière manipulation comique avant l’arrêt signalant le terminus pour tous les personnages. Terminus dont on pourra regretter le ton heureux, mais qui parvient, encore une fois, à l’aide d’un artifice visuel bien malin, ainsi qu’une ultime attitude qui provoque à coup sur le sourire, à ne pas tomber dans le mielleux nauséabond.
Deux heures de franche rigolade et d’émotion contenue, le tout enrobé par une mise en scène aux petits oignons et des acteurs investis. De quoi rassasier son manque rétinien quotidien jusqu’à presque plus faim – ben ué, on ne guérit pas de sa boulimie visuelle aussi facilement !-.
oso
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le 11 juil. 2014

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oso

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