Kick-Ass : Pas de pouvoirs ? Pas de problème !
Véritable vent de fraicheur dans le paysage triste et morne (à quelques exceptions prés) des adaptations cinématographiques de comics, ce qui frappe avant tout dans l'œuvre de Matthew Vaughn, c'est l'aisance avec laquelle celui-ci passe du comique au tragique et vice versa.
En effet, la première heure du film constitue un moment de franche rigolade à l'humour souvent noir et cynique, tutoyant parfois le parodique, et blindé de références à bon nombre de super héros bien connus.
On assiste tout de même, ca et là, a quelques scènes étrangement dénuées de toute forme d'humour et dont la violence peut nous conduire à nous interroger sur la pertinence d'une classification tout publics lors de la sortie en salle du film.
Ces scènes, qui ont du faire grincer des dents plus d'une maman étant venu accompagner son petit dernier de 8 ans pour une bonne comédie familiale façon Spy Kids, ne constituent au final qu'une mise ou bouche pour la deuxième
(et meilleure) partie du film.
D'une violence flirtant avec le malsain et d'une noirceur atteignant quasiment les sommets d'un The Dark Knight (cf. la scène de torture des 2 héros, et surtout celle qui lui succède ...), cette deuxième partie est amenée avec une telle maitrise et une telle fluidité de la part du réalisateur / scénariste, que le spectateur finit par s'interroger sur le moment ou il est passé du teen-movie aux blagues rarement au dessus de la ceinture au thriller glauque et violent que n'aurait pas renié Quentin Tarantino.
Est-ce à dire que la première partie est à jeter ? Fort heureusement, la réponse est non.
En effet celle-ci, outre le fait de brillamment introduire chacun des protagonistes de l'histoire, et ce, de façon parfois très drôle, constitue un véritable et sérieux questionnement sur la notion galvaudée de l'héroïsme et notamment : jusqu'ou peut on aller pour aider son prochain ?
À ce titre, le personnage de Kick Ass présenté comme un véritable naïf idéaliste fera un douloureux apprentissage lors de son premier « combat contre le crime », apprenant ainsi a ses dépends que la réalité n'est pas une bande dessinée.
La première partie nous permet également de faire la connaissance de deux des personnages les plus déjantés qu'il nous ai été donné de voir dans un film de super héros : j'ai nommé Hit Girl et Big Daddy !
Sortis tout droit de vigilantes movies à faire pâlir d'envie Charles Bronson, ces deux personnages constituent le véritable cœur émotionnel du film.
Ainsi, au delà de leur violence exacerbée à mille lieues du personnage principal, Hit Girl et Big Daddy sont assurément les personnages les plus tragiques du film, et cachent sous leurs vannes, leurs gros flingues et les hectolitres de sang versés, un réel drame dont l'ampleur nous sera révélée en même temps que leurs motivations au cours d'une scène dont la maestria artistique n'a d'égale que son intensité dramatique.
Cette scène, marque d'ailleurs le point de départ de la deuxième partie du film, ou l'humour, bien que toujours présent, se fait plus rare et plus noir que jamais, et ou tous les « questionnements geek » rapport a l'héroïsme cèdent ici la place à la thématique autrement plus sérieuse de la vengeance et des conséquences de nos actes.
Cette pierre angulaire justifie donc en partie le déchainement de violence dont sera abreuvé le spectateur durant toute la deuxième moitié et qui, si elle n'a pas déjà succombé a Dave se branlant sur sa prof d'anglais, achèvera de convaincre la maman de quitter la salle avec son fils de 8 ans en jurant que c'est la dernière fois qu'elle vient voir un film de super héros !
Mais au delà du plaisir coupable que l'on a à voir une fillette de 12 ans jurer comme un camionneur en découpant et flinguant du mafieux a tour de bras, ces scènes nous montrent que Matthew Vaughn semble aussi à l'aise lorsqu'il s'agit de filmer des blagues lourdingues (mais drôles) entre geeks que des scènes d'actions violentes et malsaines.
Et c'est la que réside la vraie force de ce Kick Ass : jouer constamment sur deux tableaux l'un profondément sérieux, l'autre totalement décalé et le tout, dans une parfaite harmonie.
Ce constat est d'ailleurs appuyé par la BO du film, et de ce coté la c'est un sans faute !
Que se soit au 1er degré (la scène de l'entrepôt avec Big Daddy), ou de façon complètement décalée (premier carnage de Hit Girl), chaque musique colle parfaitement a la scène a laquelle elle se rattache et sublime réellement l'action, notamment lors de la scène de torture ou la piste sonore rappelant énormément celle de The Dark Knight contribue à créer un véritable sentiment de malaise, facilitant l'empathie pour les 2 héros.
Pour finir, je ne m'attarderais pas outre mesure sur la qualité des acteurs qui sont tous irréprochables, juste une mention spéciale a Chloé Moretz qui, à mon avis, a un bel avenir devant elle.
Bref, tour à tour drôle, émouvant, violent, irrévérencieux, Kick Ass ne laisse pas indifférent et réussit une chose que bien peut de films ont réussi avant lui : celle de briller par son intelligence et sa maitrise dans tous les domaines qu'il explore !
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