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Une intrigue audacieuse entre humour noir et drame social

Kidnapping Inc. réussit à marier un ton délibérément absurde à une réflexion poignante sur la violence, la corruption et les inégalités qui gangrènent la société haïtienne. Pour son deuxième long métrage , Bruno Mourral réussit à jouer habilement sur les contrastes : l’humour burlesque des deux anti-héros tranche avec la gravité des sujets abordés, tels que le kidnapping, la corruption des élites ou encore l’état de non-droit qui prévaut dans le pays. Les paysages en ruines de Port-au-Prince, dominés par les villas luxueuses des élites renforcent ce contraste saisissant entre désespoir et opulence.

L’intrigue explore également des questions identitaires et existentielles, incarnées par Laura (Gessica Geneus) qui refuse catégoriquement que son enfant naisse en Haïti, et par Doc (Jasmuel Andri) et Zoe (Rolaphton Mercure) , symboles d’une jeunesse perdue, prisonnière d’un système oppressif. Nous notons et déplorons cependant, des rôles un peu clichés et mal exécutés

Une ambition narrative qui flirte avec l’excès

Si le film brille par son originalité et son audace, il souffre néanmoins d’une surcharge thématique. Mourral tente de traiter simultanément des questions de violence systémique, de colorisme, de crise sociale, d’émigration, de manipulation politique, et plus encore. Ce trop-plein donne parfois l’impression que certains sujets sont abordés de manière superficielle, au détriment de l’impact narratif. Le rythme effréné, bien que captivant, peut laisser le spectateur quelque peu désorienté, notamment face à une fin dramatique qui semble précipitée et laisse un sentiment d’inachevé.

Une réussite cinématographique malgré les défis

Au-delà de ses faiblesses, Kidnapping Inc. témoigne d’une prouesse technique et artistique dans un contexte particulièrement difficile. La réalisation du film a été marquée par l’instabilité politique et des drames, comme la mort de deux membres de l’équipe. Pourtant, Mourral livre une œuvre audacieuse, à mi-chemin entre La Cité de Dieu et Pulp Fiction, selon The AU Review.

La photographie du film capture avec brio les contrastes d’Haïti : des rues chaotiques de Port-au-Prince aux somptueuses demeures des élites, en passant par des scènes d’une violence crue et des moments d’émotion sincère. La bande sonore, ponctuée par un cantique final, souligne la dimension spirituelle et fataliste de l’histoire : “À part Dieu, personne ne peut les sauver.”



Enfin, Kidnapping Inc. est une œuvre hybride, mêlant rires et frissons, où l’humour noir sert de prisme pour aborder les réalités cruelles de la société haïtienne. Si le film pêche parfois par excès d’ambition, il reste un témoignage précieux de la résilience et de la créativité d’un pays en crise. Il s’impose comme une étape importante pour le cinéma haïtien, tout en offrant une réflexion universelle sur les notions d’identité, de survie et d’évasion.



Noelivier
7
Écrit par

Créée

le 13 déc. 2024

Critique lue 15 fois

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