J'allais m'atteler à retrouver hit & miss pour en disposer plus rapidement, quand, consultant la filmo de Chloé S., je tombai sur Kids.
Je me fis remarquer que ce film jouissait d'une aura sulfureuse. Bien, le voir ce soir me conviendrai bien.
En ce moment, le travail me fatigue beaucoup trop à mon goût et je n'aurai pas tenu tout un film s'il avait duré ne serait ce que dix minutes de plus.
D'ailleurs je lutte pour écrire un peu, histoire de pas promettre une critique et de l'écrire avec plus de quinze jours de retard.
Let me Telly(ou) the truth.
Quand j'étais plus jeune, attends, je veux dire, bien plus jeune. Plus jeune que les personnages de ce film et puis même à leur âge aussi, le sida c'était ma hantise. Ça et l'héroïne.
Une nuit j'ai rêvé qu'une fée me découpait des carrés de chair dans l'épaule, c'était la façon dont je me représentais l'héroïne. J'étais tombé sur un de ces téléfilm de l'après midi où il était question d'un jeune homme qui sombrait dans la drogue. Je te dis ça pour que tu saisisses bien l'angoisse que ça représentait.
Ce qui m'effrayait le plus c'était de marcher sur une seringue usagée qui aurait été contaminée. Tu imagines un peu comme ça me rongeait le cerveau.
Parce qu'évidemment je n'avais pas d'activité sexuelle à proprement parler entre 12 et 16 ans.
De plus le vih ne survit pas à l'air libre, mes peurs étaient franchement irrationnelles. Tout ça en partie à cause de Jo, une bd qu'elle m'avait marquée en sixième, parce qu'en bon élève je participais à des ateliers entre midi et deux où nous avions alors abordé le sujet et sur lequel nous avions fait une mini "expo" au cdi.
Bien fini de parler de ma vie, je t'ai pas dis tout ça en vain, enfin je pense.
Laisse moi te reconnecter ça au film.
"J'garde toujours mes chaussettes"
Le point fort du film est peut être d'arriver à sensibiliser sur un sujet en évitant de conclure sur quelque chose comme "tel comportement provoque tel résultat"
Le sida cette maladie de pédés, de junkies, de sodomites, de filles de mauvaise vie.
Regardons comment Tully s'en protège. Il déflore de la fillette, forcement, c'est neuf, c'est pur et puis mon pote t'es le seul à profiter de ce moment clé, qu'il s'imagine.
A contrario, nous avons Ruby (Rosario D.) qui vit une sexualité épanouie à qui on rappelle l'importance de se protéger sans jamais porter de jugement sur sa liberté sexuelle.
Les filles comme les mecs parlent de sexe naturellement, c'est cru, mais ça ne sonne pas faux, ni exagéré, un autre point louable du film.
Alors où est le souffre?
Faut il le voir dans cette scène d'ouverture, où une fillette donne son corps à un ado baratineur peu inspiré, ne vivant l'acte sexuel que dans un sens, puisque baiser au fond il ne sait pas ce que c'est. Parce que l'espace d'un instant on devine un corps frêle? Explicite sans montrer, fort heureusement, je trouve cela ni choquant ni condamnable car vu de mon canapé, je n'ai pas senti une once d'attraction avec cette scène.
Faut il le sentir dans toute cette drogue douce, abondamment arrosée d'alcool? Dans la prise de d'autres substance illicite?
Dans la violence alors?
Parce qu'au milieu de tout ça, tombe une scène d'une violence incroyable, faisant suite à l'agression verbale d'un couple d'homo. Un passage à tabac en règle, à quinze contre un, armés de skates pour quelques uns.
Cette séquence, là comme ça, au milieu de tout ce foutre, de ces litres de bières et de ces gros blunts, elle garde encore de son impact.
Dans le viol, et la vision très unilatérale du désir chez ces jeunes mâles? Oui, ici encore le film arrive à garder de sa force.
Talkin' 'bout my generation.
Aujourd'hui j'ai lu pas mal de critiques sur des films mettant en images une nouvelle génération d'ado, pas la mienne forcement puisque j'ai deux fois l'âge d'un adolescent. Et parmi celles que j'ai lu, j'ai constaté que certains ados sont en rupture totale avec l'image qu'on renvoie de leur génération, certains la condamnent fermement, la jugent sévèrement etc.
Je me demande donc, puisque Kids parle d'une génération qui correspond plus ou moins à la mienne, ce que j'en aurai pensé si je l'avais vu alors.
Va savoir...
J'aurai pu en sortir crispé, encore plus soucieux de ne pas contracter le vih et le film aurait réussi quelque chose.
Mais ce soir est ce que ce film m'adrage?
Malheureusement l'enjeu du film, si l'on en croit le synopsis, c'est la recherche que mènera Jenny pour parler avec Telly et l'empêcher de répandre toujours plus le virus dont il est porteur, à l'insu de son plein gré, et qu'il refile à tour de bras à des pucelles.
Or cette recherche est somme toute mollassonne (tain double l double s double n, dur), dans son immense désarroi, Jenny perd toute ardeur, arrive trop tard et n'a pas la force, devant son échec, d'avertir Telly.
Le spectateur, enfin moi plus exactement, n'est pas franchement tenu en haleine à ce sujet. Et c'est peut être là où le bât blesse, la tension est absente, retranscription (possible, c'est une piste de réflexion, tu peux m'aider là dessus) de ce désoeuvrement qui anime ces adolescents.
Pourtant je n'ai pas passé un mauvais moment devant ce film, parce que la bande son est agréable, parce qu'on y parle sans détour de sexualité sans condamner quand bien même le film dresse un portrait peu reluisant de ces jeunes gens dont on ne sait pas grand chose finalement.
À voir? Pourquoi pas. À revoir? Je me le demande...
P.s. : Léo Fitzpatrick, joue le jeune sdf junkie dans The Wire.